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Jean-Michel Apathie. Image : Capture d'écran Radio VL.

La polémique autour des propos de Jean-Michel Apathie sur la colonisation algérienne enflamme le débat public

La récente intervention du journaliste Jean-Michel Apathie sur RTL a déclenché une vague de réactions enflammées. En comparant les méthodes de la colonisation française en Algérie aux crimes nazis, il a suscité l’indignation de nombreux responsables politiques et chroniqueurs, mais a aussi relancé un débat sur la mémoire coloniale française.

Lors de son passage sur RTL, Jean-Michel Apathie a affirmé que « la France a fait des centaines d’Oradour-sur-Glane en Algérie », en référence au massacre nazi de 1944, et que « les Nazis se sont comportés comme nous l’avons fait en Algérie ». Il a notamment mentionné les « enfumades », une pratique militaire du XIXᵉ siècle où des populations algériennes réfugiées dans des grottes étaient asphyxiées volontairement par l’armée française.

Ces propos ont immédiatement provoqué un tollé dans le studio. La politicienne Florence Portelli s’est indignée en direct, dénonçant des propos « horribles », tandis que le journaliste Thomas Sotto a réagi vivement : « Jean-Michel, on ne s’est pas comporté comme des nazis en Algérie ! ».

Le débat s’est rapidement propagé au monde politique. Éric Ciotti a accusé Apathie d’« endosser le rôle d’un prédicateur algérien », tandis que Cyril Hanouna a qualifié ces déclarations comme « les plus graves jamais entendues à la radio ou à la télévision ». L’Arcom, l’instance de régulation de l’audiovisuel, a annoncé l’ouverture d’une procédure d’examen.

La colonisation française en Algérie : un passé refoulé ?

Au-delà de la controverse immédiate, les déclarations de Jean-Michel Apathie soulèvent une question historique centrale : la violence extrême de la colonisation française en Algérie et les méthodes employées par l’armée française.

Historiquement, les « enfumades » du XIXᵉ siècle sont documentées : l’armée française a bien utilisé des techniques d’asphyxie collective contre des résistants algériens et des civils cachés dans des grottes. L’un des épisodes les plus marquants est l’enfumade du Dahra en 1845, où environ 1 000 Algériens ont péri sous les ordres du colonel Pélissier.

Autre événement marquant, le massacre de Sétif, Guelma et Kherrata du 8 mai 1945, où plusieurs dizaines de milliers d’Algériens ont été tués par l’armée et la police française lors de manifestations pour l’indépendance. À l’époque, la presse résistante avait elle-même fait le parallèle avec Oradour-sur-Glane en titrant : « Oradour en Algérie ».

Enfin, durant la guerre d’Algérie (1954-1962), la France a eu recours à la torture, des bombardements au napalm, des exécutions sommaires, des déportations massives de populations dans des camps de regroupement et la pratique des « crevettes Bigeard » (exécutions par noyade avec lest en béton).

Une mémoire sous tension

Si les faits historiques sont largement documentés par les historiens, leur évocation demeure explosive dans l’espace public français. Cette affaire révèle une difficulté persistante à assumer la réalité de la colonisation et ses violences, particulièrement dans un contexte où le débat sur l’identité nationale est instrumentalisé par certains courants politiques.

Alors que l’Arcom examine les propos de Jean-Michel Apathie, cette polémique illustre la difficulté à évoquer les crimes coloniaux en France, où toute mise en parallèle avec d’autres génocides ou crimes de guerre soulève des réactions vives et immédiates.

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