Vu de Pékin, l’Amérique de Donald Trump en 2025 ressemblerait de plus en plus au roman 1984 de George Orwell. C’est en tout cas l’analyse du magazine hongkongais Yazhou Zhoukan, proche du pouvoir chinois, qui dresse un parallèle saisissant entre la présidence Trump et la dystopie totalitaire décrite par l’écrivain britannique.

Dans un long article publié le 29 juin, le média compare la Maison-Blanche de Trump au « ministère de la Vérité » d’Orwell, où les faits sont déformés et les mensonges répétés jusqu’à devenir des vérités incontestées. « La récession devient prospérité, les droits de douane deviennent synonyme de libre-échange », écrit-il, qualifiant l’ère Trump d’ère de la « post-vérité ».

Big Brother à la Maison-Blanche

Donald Trump y est décrit comme un « Big Brother » moderne, dont les déclarations ne peuvent être remises en question. Sa porte-parole Karoline Leavitt est quant à elle comparée à Joseph Goebbels, ministre nazi de la propagande, pour son utilisation répétée de la communication de masse et sa stratégie de mensonge assumé. Alors que l’inflation grimpe, elle soutient qu’elle baisse. Et malgré l’alourdissement des droits de douane pour les ménages américains, elle y voit « une grande réussite économique ».

Un culte de la personnalité grandissant

L’article souligne également la « nord-coréanisation » progressive des États-Unis, citant en exemple le grand défilé militaire organisé à Washington pour le 79e anniversaire de Trump. Défilé qui a suscité la colère des contribuables et du maire de la capitale, choqués par l’utilisation des fonds publics et les dégâts causés aux chaussées par les chars.

Plus inquiétant encore selon le magazine, le pouvoir exécutif américain renforcerait son emprise au détriment du judiciaire et du législatif. Il cite notamment l’arrestation récente d’une juge du Wisconsin qui avait soutenu un migrant en situation irrégulière, ou les pressions exercées par le ministère de la Justice de Trump sur des cabinets d’avocats afin qu’ils refusent de défendre des démocrates.

Un nihilisme politique assumé

Pour Yazhou Zhoukan, il s’agit là d’une forme de « nihilisme politique » : la réalité importera peu si un objectif jugé supérieur justifie l’aveuglement et la duperie. L’article cite Hannah Arendt, qui décrivait déjà comment les régimes totalitaires utilisent la propagande pour « présenter la guerre comme un moyen de paix et la liberté comme une forme d’esclavage ».

Trump, conclut l’auteur, a su bâtir un « fantasy land », un monde parallèle où ses partisans, isolés dans des bulles informationnelles filtrées par les algorithmes des réseaux sociaux, sont devenus ses marionnettes. Un système où l’empereur du mensonge manipule à son gré un électorat coupé de la réalité, illustrant « la tragédie de l’effondrement du modèle démocratique américain ».

Source : Courrier international.