L’Union européenne avance à grands pas vers la réalisation de ses objectifs climatiques ambitieux pour 2030. La Commission a annoncé ce mercredi 28 mai que les États membres allaient certainement atteindre une réduction de 54 % des émissions de CO₂ par rapport à 1990 en 2030, ce qui est confirmé à ses engagements. L’Europe s’est en effet engagée à atteindre les 55 % à cet horizon.
Selon le commissaire à l’énergie Dan Jorgensen, cette avancée démontre que l’Europe est « sur la bonne voie ». Le Vieux Continent, confronté à une montée des populismes et à des attaques contre le pacte vert, n’a jusqu’ici rien lâché.
Depuis 1990, les émissions européennes ont déjà chuté de 37 %. Mais la route vers la neutralité carbone en 2050 reste semée d’embûches, notamment en matière de séquestration du carbone, de transition énergétique et de justice territoriale.
Des disparités marquées entre pays
Trois pays — la Belgique, l’Estonie et la Pologne — n’ont pas encore remis leur plan national à Bruxelles. La Pologne, en période électorale, reste prudente sur le sujet, dominé par un clivage entre pro-climat et nationalistes. À Varsovie, le Premier ministre Donald Tusk refuse d’alimenter les polémiques climatiques.
Des écarts notables apparaissent aussi dans la vente de véhicules électriques : plus de 50 % au Danemark, mais à peine 5 % en Italie. Concernant la consommation énergétique, la baisse attendue est de 8,1 % alors que l’objectif est de 11,7 % d’ici 2030.
Vers un nouvel objectif pour 2040
Le débat se tourne désormais vers l’objectif climatique pour 2040. La Commission envisage une réduction de 90 % des émissions, mais aucune proposition formelle n’a été faite, en raison de son caractère explosif politiquement, notamment en Europe centrale.
Les ONG estiment que les plans des Vingt-Sept doivent encore être concrétisés et jugent qu’il est trop tôt pour crier victoire. Giulia Nardi, du réseau d’ONG Climate Action Network estime dans les colonnes du Monde que « Sans politiques nationales efficaces et sans financement crédible – deux éléments qui font largement défaut dans les plans actualisés –, la mise en œuvre ne sera pas à la hauteur ».
Des mesures de flexibilité sont déjàpourtant déjà envisagées, incluant le stockage de carbone et les projets décarbonés dans des pays tiers. L’eurodéputé Renew, Pascal Canfin confie au Monde que cela reviendrait à viser 80 % de baisse réelle et 10 % via mécanismes compensatoires.
Des résistances politiques croissantes
À l’approche des élections européennes, le rapport de force évolue : les chrétiens-démocrates et extrêmes droitesgagnent du terrain, compliquant l’adoption de politiques ambitieuses.
La France, de son côté, exige que l’effort climatique soit accompagné de garanties économiques, notamment une égalité de traitement entre nucléaire et énergies renouvelables, et demande un soutien financier européen, quitte à envisager un nouvel endettement commun.
Source : Le Monde.