L’affaire de la clé USB retrouvée dans la cellule de Salah Abdeslam prend une tournure plus grave. Le Parquet national antiterroriste a requalifié l’enquête en association de malfaiteurs terroriste, laissant entrevoir la possible préparation d’un attentat. Trois personnes sont actuellement en garde à vue, dont la compagne présumée du terroriste.
L’enquête ouverte en janvier dernier pour « détention illicite d’un objet en détention » contre Salah Abdeslam connaît un tournant majeur. Ce samedi 8 novembre, le Parquet national antiterroriste (Pnat) a confirmé sa requalification en « association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d’un crime contre les personnes ». Une décision qui marque une intensification significative des investigations autour du seul survivant des commandos du 13 novembre 2015.
Tout remonte à un contrôle de routine effectué il y a dix mois dans la cellule d’Abdeslam, incarcéré à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais). Les agents pénitentiaires y avaient découvert que l’ordinateur du détenu — utilisé dans le cadre de cours à distance — présentait des traces de connexions à un support externe, pourtant interdit. Si aucune clé USB n’a été retrouvée, les fichiers détectés contenaient des éléments de propagande djihadiste, notamment une vidéo issue du canal « 19HH », animé par le prédicateur radical Omar Omsen, figure du recrutement de djihadistes français depuis la Syrie.
Selon une source proche du dossier citée par Le Point, les enquêteurs disposent désormais d’éléments laissant à penser qu’un projet d’attentat pourrait être en préparation. Une hypothèse jugée suffisamment sérieuse pour justifier la prolongation exceptionnelle de certaines gardes à vue au-delà des 96 heures autorisées par la loi antiterroriste.
Parmi les personnes interpellées figure Maëva B., 27 ans, présentée comme la compagne de Salah Abdeslam. Elle est soupçonnée d’avoir transmis plusieurs supports au détenu, dont la clé USB à l’origine de l’affaire. Sa garde à vue, entamée mardi, a été prolongée « en raison du risque d’imminence d’une action terroriste », selon une source proche du dossier. Salah Abdeslam lui-même a été entendu à deux reprises, les 4 et 7 novembre, avant d’être relâché à chaque fois, aucune preuve directe ne démontrant pour l’instant sa connaissance d’un projet d’attentat.
Deux autres individus ont également été placés en garde à vue ce vendredi, dans le cadre de cette même enquête. Leurs auditions se poursuivent ce week-end sous la qualification d’« association de malfaiteurs terroriste criminelle ».
Cette réactivation des soupçons terroristes intervient alors que la France s’apprête à commémorer les dix ans des attentats du 13 novembre 2015, qui avaient coûté la vie à 130 personnes à Paris et en Seine-Saint-Denis. Dans un télégramme adressé aux préfets, que Le Point s’est procuré, le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez a ordonné un renforcement immédiat des mesures de sécurité. Les lieux de rassemblement, concerts et manifestations publiques doivent faire l’objet d’une vigilance accrue, en coordination avec les forces de sécurité intérieure et les militaires de l’opération Sentinelle.
Des hommages sont prévus jeudi à Paris et en Seine-Saint-Denis, en mémoire des victimes. Cette nouvelle alerte rappelle, dix ans après les attaques du Bataclan et du Stade de France, que la menace terroriste reste une réalité persistante sur le territoire français.