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Photo : @Groupe Casino.

Accord entre le groupe Casino et Carrefour : Vers la création d’une « superstructure internationale » de la grande distribution ?

Le groupe Casino, membre du Forum économique mondial, qui était confronté à des difficultés financières, a conclu un accord avec Carrefour, un autre grand groupe spécialisé dans la grande distribution affilié au FEM, pour lui céder vingt-cinq supermarchés et hypermarchés. On ne comprend pas toujours très bien la façon dont est dépecé le Mammouth, Casino. L’explication est peut-être a cherché du côté de la Banque Lazard, qui est aussi membre du FEM et travaillait en 2022 à convaincre des fonds d’investissement de financer une OPA sur Carrefour et AUCHAN, pour créer « une superstructure internationale », comme l’a révélé Le Figaro.

Selon un communiqué publié par Casino le 8 février, la réalisation des cessions est prévue pour le 30 avril 2024, après consultation des instances représentatives du personnel concernées. Toutefois, le groupe n’a pas divulgué la liste des magasins concernés par cette opération.

Ces 25 enseignes font partie d’une vague de 288 hypermarchés et supermarchés que Casino avait déjà convenu de vendre à Auchan et Intermarché fin janvier. Parallèlement, Carrefour avait annoncé être en négociations exclusives avec Intermarché pour lui racheter une partie du parc de magasins vendus par Casino, afin d’éviter des problèmes de concurrence.

Casino a également souligné que Carrefour avait pris des engagements sociaux similaires à ceux du groupe Les Mousquetaires (propriétaire d’Intermarché) envers les salariés affectés par les transferts de magasins et de stations-service.

Le projet de plan de sauvegarde accélérée du groupe Casino doit être examiné par le tribunal de commerce de Paris le lundi 12 février. Ce plan, signé en juillet dernier, prévoit la restructuration de la dette du distributeur et un changement d’actionnariat prévu pour mars-avril 2024. À cette date, le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, le Français Marc Ladreit de Lacharrière et le fonds britannique Attestor doivent prendre les commandes de Casino. Le trio Niel-Pigasse-Zouari, lui avait laissé les coudés franches en annonçant retirer leur projet d’acquisition.

Toutefois, la cession des 25 magasins à Carrefour est conditionnée à l’obtention de toutes les autorisations nécessaires, notamment celles des autorités de la concurrence compétentes.

En décembre dernier, l’Autorité de la concurrence avait contraint Intermarché à céder à ses rivaux 3 des 61 magasins acquis auprès de Casino dans le cadre d’une première vague de cessions de magasins.

On ne comprend pas toujours très bien, la façon dont les grands groupes de distribution se partagent les parts du Mammouth, Casino, qui était un fleuron français il y a peu encore.

En janvier 2022, une information du Figaro dévoilait que la Banque Lazard, qui est membre du Forum économique mondial, travaillait sur un projet de rapprochement entre Carrefour et Auchan. Selon Capital, l’objectif était « de convaincre des fonds d’investissement de financer cette OPA, afin de créer une superstructure internationale ». Ce projet, baptisé « Merlot », visait en effet à créer l’un des plus importants distributeurs mondiaux, couvrant 17 pays et détenant une part de marché significative en France, estimée à 29 %. Lazard évaluait le chiffre d’affaire potentiel d’un tel groupe à 108 milliards en 2025, avec des marges en hausse et d’importantes synergies, mais là encore il fallait convaincre les autorités de régulation. 

En octobre 2022, Alexandre Bompard, le P-DG de Carrefour, qui comble de l’ironie est né à Saint-Etienne et à même présidé l’ASSE, avait toutefois mis fin aux négociations avant toute offre réelle. Bompard qui, comme Edouard Philippe ou Laurent Wauquiez est membre des Young Leader de la Fondation France-Amérique, une communauté par laquelle sont passés de nombreux contributeurs de l’agenda 2030 comme Emmanuel Macron ou Jean-Noël Barrot.

Le projet d’une « superstructure internationale », n’est toutefois peut-être pas complètement abandonnée alors que le Young Global Leader du Forum économique mondial, Gabriel Attal et le contributeur de l’agenda 2030 du FEM, Bruno Le Maire, ont annoncé le 1er février, un plan de contrôle massif des contrats dans le secteur agricole pour assurer une juste rémunération des agriculteurs en France, après la révolte qui a été menée par les agriculteurs. Les deux hommes ont annoncé le déploiement de 150 agents de la répression des fraudes à travers le pays, avec une promesse de doubler les contrôles par rapport à 2023. Les contrôles cibleront tant les industriels que la grande distribution, avec des sanctions pouvant atteindre jusqu’à 2% du chiffre d’affaires des entreprises en infraction. Près de 250 contrôles sont prévus chez les grands industriels, certains ayant déjà débuté, et des procédures de préinjonction ont été lancées contre quatre d’entre eux pour défaut de contractualisation avec les agriculteurs.

Les supermarchés ne seront pas épargnés, avec des vérifications prévues pour toutes les grandes chaînes et un examen approfondi de plus de 500 contrats. Le ministre de l’Economie a également souligné l’importance de contrôler l’origine France des produits, mettant en garde contre la tromperie sur la marchandise et annonçant plus de 10 000 contrôles spécifiques, avec des sanctions potentielles atteignant 10% du chiffre d’affaires.

Le Maire a également abordé la question des centrales d’achat européennes, insistant sur le fait que la loi française doit s’appliquer intégralement aux produits vendus en France, indépendamment du lieu de négociation. Il a promis de sanctionner sévèrement tout contournement de la loi via ces centrales, avec des amendes significatives déjà imposées.

Pour renforcer le cadre des négociations au sein de l’Union européenne, Le Maire envisage de lancer une initiative européenne cet été pour établir un réseau intégré de répression des fraudes, permettant ainsi des enquêtes coordonnées à l’échelle de l’UE.

De plus la FNSEA a orienté la colère des agriculteurs contre le groupe E. Leclerc, qu’ils accusaient de privilégier des produits fabriqués ailleurs en Europe. Le Président de la FDSEA, Jean-Pierre Allaux, a affirmé au micro de BFMTV que « ce monsieur est le plus gros influenceur en ce qui concerne la grande distribution ». Au mois de décembre 2022, la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert enjoignait déjà les consommateurs à ne pas se « laisser berner par Michel-Edouard Leclerc » qui évoquait début novembre « un tsunami » d’inflation à venir en 2023 et tentait de garder des prix faibles dans ses supermarchés.

L’objectif était-il d’affaiblir le Groupe E. Leclerc afin qu’il subisse le même sort que Casino, dont le président Jean-Charles Naouri, a été la cible de nombreux procès ces derniers temps ? Toujours est-il que le cours de Casino en bourse est passé de 41,10 euros le 31 décembre 2019 au début de la pandémie à 0,59 euros, le 21 décembre 2023.

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