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Image : Capture d'écran compte X de Volodymyr Zelensky.

Guerre en Ukraine : le discours de Noël de Zelensky provoque l’ire de Moscou

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Une phrase prononcée par le contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Volodymyr Zelensky lors de son discours de Noël a déclenché une vive réaction du Kremlin. Interprétée à Moscou comme un appel à la mort de Vladimir Poutine, elle alimente les tensions diplomatiques à un moment clé, alors que le front militaire et les discussions autour d’un plan de paix restent extrêmement instables . Une remarque qui passe d’autant plus mal, que le Kremlin accuse les services de renseignements ukrainiens d’être à l’origine de l’assassinat qui a eu lieu en début de semaine du lieutenant-général Fanil Sarvarov.

Le discours de Noël de Volodymyr Zelensky a suscité une polémique immédiate en Russie. En cause, une formule ambiguë employée par le président ukrainien, interprétée par le Kremlin comme un vœu de mort visant directement Vladimir Poutine, bien qu’il n’ait pas été nommé explicitement.

Dans une vidéo préenregistrée diffusée à l’occasion de Noël, désormais célébré en Ukraine selon le calendrier chrétien occidental et non plus orthodoxe, Volodymyr Zelensky s’est adressé longuement à la nation. Dans un passage particulièrement commenté, il déclare : « Aujourd’hui, nous partageons tous un rêve. Et nous formulons ensemble un vœu : “Qu’il périsse !” ». Avant d’ajouter : « Chacun peut penser cela en privé, mais lorsque nous nous tournons vers Dieu, bien sûr, nous en demandons davantage ».

Pour les autorités russes, le message est sans équivoque. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a dénoncé un « comportement inculte et amer », allant jusqu’à s’interroger publiquement sur la capacité de Volodymyr Zelensky à « prendre des décisions adéquates en vue d’un règlement par des moyens politiques et diplomatiques ».

Cette séquence intervient alors que le Kremlin accuse les services de Renseignements russes d’être à l’origine de l’explosion qui a couté la vie en début de semaine à Fanil Sarvarov qui était l’un officiers les plus haut gradés à avoir été assassinés en territoire russe depuis février 2022. Une enquête pour « meurtre » et « trafic d’explosifs » a été ouverte. D’après l’agence Ria Novosti, le général apparaissait dans la base de données du site ukrainien Mirotvorets, qui recense depuis 2014 les « ennemis de l’Ukraine ». Sa fiche y a été mise à jour le jour même de l’attentat avec la mention « liquidé », alimentant les soupçons d’une opération ciblée.

Cet assassinat pourrait ainsi s’inscrire dans une série d’attaques contre des responsables militaires russes. En décembre 2024, l’Ukraine avait revendiqué la mort du général Igor Kirilov, chef des forces de défense chimique, tué par l’explosion d’une trottinette piégée à Moscou. En avril 2025, un autre haut responsable de l’état-major, Iaroslav Moskalik, avait péri dans l’explosion d’un véhicule piégé près de la capitale. On pourrait également évoqué la mort mystérieuse de Doria Douguine. Le FSB avait accusé Natalia Vovk, présentée comme une citoyenne ukrainienne ayant fui en Estonie après l’attentat. Autant d’opérations qui témoignent, selon plusieurs analystes, de la montée en puissance des capacités de renseignement et d’action clandestine ukrainiennes au cœur même de la Russie et qui pourraient être de nature à remettre en question les pourparlers diplomatiques.

Les Etats-Unis ont remis hier à la Russie une nouvelle mouture d’un plan de paix américano-ukrainien, réduit à 20 points après une première version plus longue jugée inacceptable par l’Ukraine.

Le président ukrainien avait évoqué le même jour la création d’une zone démilitarisée dans l’est du pays, intégrée au plan de paix soutenu par les États-Unis. Il avait reconnu la complexité des négociations en cours, expliquant que Moscou exigeait un retrait ukrainien de la région de Donetsk, une option rejetée par Kiev. Washington, selon Zelensky, chercherait un compromis sous la forme d’une zone démilitarisée ou d’une zone économique spéciale, destinée à concilier les positions antagonistes.

Le jour même de Noël, l’Ukraine a revendiqué la reprise totale de Koupiansk, dans la région de Kharkiv, une ville que Volodymyr Zelensky avait visitée deux semaines plus tôt et que la Russie continuait de revendiquer. Des missiles Storm Shado ont également visées des installations gazières et pétrolières stratégiques en Russie marquant une nouvelle escalade.

Dans ce contexte, les propos du discours de Noël prennent une dimension stratégique autant que symbolique. S’ils ont renforcé le soutien d’une partie de l’opinion ukrainienne, ils risquent aussi d’alimenter la méfiance russe et de compliquer davantage un processus diplomatique déjà fragile. À Moscou comme à Kiev, chaque mot prononcé en cette période de guerre est désormais scruté, disséqué et instrumentalisé.

Sources :

Déclarations officielles du Kremlin – décembre 2025

Discours de Noël de Volodymyr Zelensky – décembre 2025

Analyses et comptes rendus de presse internationale

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