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Colère agricole à Bruxelles : heurts devant le Parlement européen contre l’accord UE-Mercosur

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La tension est montée d’un cran ce jeudi 18 décembre 2025 à Bruxelles. Des milliers d’agriculteurs européens, venus notamment de France, de Belgique, d’Italie et d’Europe centrale, ont manifesté devant le Parlement européen contre l’accord de libre-échange UE-Mercosur, provoquant des affrontements avec les forces de l’ordre. Tracteurs, fumées noires, feux allumés et usage de gaz lacrymogène ont marqué une journée de forte mobilisation, en marge du sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne.

Selon les chiffres de la police bruxelloise, 7 300 agriculteurs ont pris part à la manifestation, dont environ 4 000 Français, avec près de 950 tracteurs mobilisés. Les syndicats agricoles avancent un chiffre plus élevé, allant jusqu’à 11 000 manifestants. Plus de 40 organisations agricoles issues de 26 pays européens avaient répondu à l’appel de la Copa-Cogeca, principal lobby agricole européen.

Le cortège s’est élancé en fin de matinée vers le Parlement européen, dans un climat d’abord festif avant que la situation ne se tende nettement dans l’après-midi, notamment autour de la place du Luxembourg.

Affrontements, feux et intervention des forces de l’ordre

Des heurts ont éclaté entre des groupes de manifestants et la police. Des canons à eau et des gaz lacrymogènes ont été utilisés après des jets de projectiles. Plusieurs feux ont été allumés à proximité des institutions européennes, et des arbres, jardinières et panneaux de signalisation ont été arrachés. Les autorités ont recommandé aux habitants du quartier européen de fermer portes et fenêtres en raison des fumées.

La manifestation a finalement pris fin en fin d’après-midi, les tracteurs quittant progressivement la zone sous surveillance policière renforcée.

L’accord UE-Mercosur au centre de la colère

Au cœur de la mobilisation figure le projet d’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay), vivement contesté par les agriculteurs. Ils dénoncent une concurrence jugée déloyale, l’absence de réciprocité sur les normes sanitaires et environnementales, ainsi qu’une menace directe sur les revenus agricoles européens.

La FNSEA et d’autres syndicats estiment que cet accord sacrifierait l’agriculture européenne « sur l’autel du commerce international ».

Emmanuel Macron et plusieurs États demandent un report

Depuis Bruxelles, le président français et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Emmanuel Macron a réaffirmé l’opposition de la France à une signature en l’état. « Le compte n’y est pas », a-t-il déclaré, demandant un report du vote et l’introduction de clauses de sauvegarde pour protéger les filières agricoles.

La France a reçu le soutien de l’Italie. Giorgia Meloni s’est prononcée pour un report, estimant nécessaire de finaliser des mesures de protection supplémentaires pour le secteur agricole. Selon le ministre des Transports Philippe Tabarot, une minorité de blocage pourrait se dessiner au sein de l’Union européenne, avec la Pologne et la Hongrie également réservées.

La dermatose bovine, déclencheur de la crise en France

En parallèle du Mercosur, la colère agricole est alimentée par la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), qui a entraîné des abattages massifs de troupeaux, notamment dans le Sud-Ouest de la France. Cette crise sanitaire a servi de catalyseur à un malaise plus profond.

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu s’est rendu discrètement en Ariège, épicentre de la mobilisation, pour rencontrer des éleveurs touchés. Le gouvernement a annoncé l’acheminement de 400 000 doses de vaccins supplémentaires, avec un objectif de vaccination de 750 000 bovins dans les prochaines semaines.

Blocages en France et inquiétudes économiques

La mobilisation s’étend toujours sur le territoire français. Plusieurs axes autoroutiers restent bloqués ou fortement perturbés, notamment dans le Sud-Ouest. Les transporteurs alertent sur des retards de livraison de 20 à 30 %, avec des inquiétudes particulières pour les produits frais à l’approche de Noël.

Le ministre des Transports a appelé les agriculteurs à ne pas entraver la circulation des personnes et des marchandises pendant les fêtes, soulignant l’enjeu économique majeur de cette période.

Une crise agricole européenne aux multiples dimensions

Cette journée de mobilisation à Bruxelles illustre une crise agricole européenne profonde, mêlant rejet du libre-échange, inquiétudes sanitaires, pression sur les revenus et sentiment d’abandon politique. Le sommet européen, censé trancher sur le Mercosur, se déroule ainsi sous haute tension, avec une agriculture devenue l’un des dossiers les plus explosifs de la fin d’année 2025.

Au-delà de l’accord commercial, c’est la vision de l’avenir de l’agriculture européenne qui est désormais posée sur la table des dirigeants de l’Union.

Source : Le Figaro.

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