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Photo : @David Monniaux

Ariège : le malaise profond des gendarmes face aux éleveurs mobilisés en Ariège

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En Ariège, la mobilisation des éleveurs contre les abattages sanitaires a fait émerger un profond malaise au sein des forces de l’ordre. Selon une enquête du Journal du Dimanche, policiers et gendarmes vivent difficilement ces opérations, certains ayant même refusé d’intervenir. Un climat qui ravive le souvenir des Gilets jaunes et fait craindre des fractures internes durables.

Blindés Centaure de dernière génération, hélicoptères en survol et consignes strictes de bouclage : le dispositif déployé aux Bordes-sur-Arize, en Ariège, illustre la fermeté de l’État face à la contestation agricole. Mais derrière cette démonstration de force, un malaise profond traverse les rangs des gendarmes mobiles et des CRS engagés sur le terrain. Confrontés à la colère d’éleveurs opposés aux abattages ordonnés par les autorités sanitaires, nombre d’entre eux disent éprouver un sentiment de déchirement moral.

« On est tous dégoûtés », confie au Journal du Dimanche Maxime, capitaine en gendarmerie mobile. Samedi, il a réuni les hommes de son escadron pour évoquer leur état d’esprit. « On a le sentiment d’affronter une partie de nous-mêmes, des gens qui pourraient être des amis ou des cousins », explique-t-il, soulignant la proximité sociale et géographique entre forces de l’ordre et monde agricole.

Ce trouble ne se limite pas à l’Ariège. Partout en France, policiers et gendarmes se préparent à encadrer de nouvelles mobilisations agricoles, avec la crainte d’affrontements à venir. « Ça me rappelle le début des Gilets jaunes, c’était une période insupportable », glisse un CRS parisien, évoquant cette séquence marquée par des tensions extrêmes et une usure morale durable. Entre empathie pour les manifestants et obligation d’obéissance, la ligne de crête est étroite.

Selon les informations du JDD, cette tension a franchi un seuil inédit vendredi, lorsque sept gendarmes mobiles auraient refusé d’intervenir lors de la prise de contrôle de la ferme des Bordes-sur-Arize. Un acte lourd de conséquences, ces militaires s’exposant à des sanctions disciplinaires sévères. La Gendarmerie nationale conteste toutefois cette version, assurant qu’aucun ordre n’a été refusé et que la séquence évoquée relevait d’une phase de désescalade destinée à permettre aux familles des agriculteurs de quitter les lieux en sécurité.

Reste que le malaise est palpable. Certains agents évoquent déjà le recours massif aux arrêts maladie comme échappatoire à des missions vécues comme moralement insoutenables. Dans les rangs des forces de l’ordre, le spectre d’une crise comparable à celle des Gilets jaunes ressurgit, avec la crainte que ces opérations, menées face à « des gens » dont ils se sentaient proches, ne laissent des traces durables au sein des institutions chargées du maintien de l’ordre.

Sources :

Journal du Dimanche – « On est dégoûtés ! : le malaise des gendarmes face aux éleveurs » – lien

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