Après l’Orlybus, c’est au tour du Roissybus d’être retiré du réseau Île-de-France Mobilités. Dès mars 2026, la navette directe entre Opéra et l’aéroport Charles-de-Gaulle disparaîtra au profit d’une nouvelle ligne express 9517 reliant Argenteuil à Roissypôle via Saint-Denis–Pleyel. Si IDFM promet des trajets plus rapides, les usagers regrettent la perte d’une liaison simple et centrale.
C’est une page qui se tourne pour des millions de voyageurs. À partir du 1ᵉʳ mars 2026, le Roissybus, qui reliait depuis plus de trente ans l’Opéra de Paris à l’aéroport Charles-de-Gaulle, cessera définitivement de circuler. Après l’arrêt de l’Orlybus en 2025, Île-de-France Mobilités poursuit la réorganisation de ses dessertes aéroportuaires, s’appuyant sur les nouvelles infrastructures de transport et un trafic devenu trop irrégulier sur certains axes.
IDFM justifie cette suppression par les difficultés structurelles rencontrées par la ligne : congestion chronique sur l’autoroute A1, accès saturé au centre de Paris et ralentissements récurrents qui allongent les temps de parcours. Le Roissybus était la dernière liaison directe entre Paris et Roissy hors RER B, un service apprécié pour sa simplicité, mais de plus en plus pénalisé par l’état du réseau routier.
Pour remplacer ce service, la ligne 9517 sera mise en circulation. Exploitée par Transdev Express Roissy, elle reliera Argenteuil à Roissypôle en passant par Saint-Denis–Pleyel. Cette gare stratégique permettra une connexion rapide avec les lignes 13 et 14 du métro ainsi qu’avec le RER D, avant de proposer, à terme, des correspondances supplémentaires avec les futures lignes 15, 16 et 17 du Grand Paris Express. La nouvelle desserte utilisera les cars bio-méthane déjà déployés sur l’ancien Roissybus, une manière de limiter la rupture pour les usagers habituels.
IDFM met en avant des gains de temps significatifs : entre 50 minutes et 1 h 10 depuis le centre de Paris en combinant ligne 14 et bus 9517, contre 1 h à 1 h 20 en moyenne avec le Roissybus. Un argument essentiel, alors que la région prépare la montée en puissance du futur CDG Express, dont la mise en service est prévue pour mars 2027. Ce train direct, reliant la gare de l’Est à l’aéroport en vingt minutes, constituera l’épine dorsale du futur système de desserte de Roissy.
La transition ne se fera cependant pas sans difficultés. La ligne 9517 transitera temporairement par la rue du Landy, à Saint-Denis, en attendant la livraison du Franchissement Urbain Pleyel, prévue fin 2026. Les infrastructures routières et piétonnes du quartier, encore en chantier, inquiètent les associations d’usagers. « Les conditions d’accès risquent d’être compliquées si la ligne entre en service en mars », alerte Marc Pélissier, président d’AUT Île-de-France. Il regrette surtout la perte d’un point d’arrivée central à Paris : « Opéra était plus pratique pour les touristes comme pour les voyageurs réguliers. On aurait pu améliorer la circulation plutôt que supprimer la ligne. »
La disparition du Roissybus s’inscrit également dans un contexte de profondes transformations : l’arrivée de la ligne 14 jusqu’à Orly a fait chuter de 80 % la fréquentation de l’Orlybus, précipitant sa suppression. Désormais, les autorités misent sur un réseau articulé autour du métro automatique, de lignes express plus flexibles et du CDG Express, aujourd’hui en phase finale d’essais. À la Pentecôte 2026, une pré-exploitation doit permettre de tester le système avant son lancement complet en 2027.
Avec ses treize trains Régiolis, ses voies nouvellement aménagées et une liaison souterraine entre la gare du Nord et la gare de l’Est en préparation, le CDG Express doit redéfinir les standards de circulation entre Paris et son premier aéroport. Reste que, jusqu’à son ouverture, Paris se prépare à vivre une période de transition complexe, où les usagers devront composer avec une offre recomposée, moins directe mais censée devenir plus performante.
