Présenté comme une vitrine du savoir-faire russe en robotique, le robot humanoïde Aidol s’est effondré quelques secondes après son entrée en scène lors d’un salon technologique à Moscou le 11 novembre. La séquence, devenue virale, a mis en lumière les limites d’un prototype pourtant annoncé comme un jalon majeur de l’intelligence artificielle russe. Les organisateurs invoquent un simple incident technique, tandis que les développeurs assurent que la machine poursuit encore sa phase d’apprentissage.
À peine apparu sous les projecteurs, Aidol a vacillé, hésité, puis chuté de tout son long, tête la première, sous le regard médusé d’un public composé de journalistes et de professionnels du secteur. La scène, curieusement accompagnée du thème musical de Rocky, a rapidement circulé sur les réseaux sociaux, transformant ce qui devait être une démonstration de puissance technologique en moment d’embarras national. Incapable de se relever, le robot a finalement été traîné hors de la scène, les organisateurs tentant de masquer l’incident derrière un rideau noir pour contenir l’humiliation.
Développé par l’entreprise éponyme Aidol, l’androïde avait été présenté par ses créateurs comme le « premier robot anthropomorphe doté d’intelligence artificielle en Russie ». Selon Vladimir Vitukhin, directeur général de la société, la machine était censée exécuter trois tâches fondamentales : se déplacer, manipuler des objets et interagir avec les humains. L’entreprise assurait par ailleurs que le robot avait été testé sur une variété de sols, des pierres aux surfaces glissantes, une batterie d’essais censée garantir sa robustesse.
Mais la chute, que certains observateurs ont ironiquement comparée aux maladresses alcoolisées attribuées autrefois à Boris Eltsine, a mis à mal cette narrative technologique. Vitukhin a tenté de désamorcer la moquerie en expliquant que le robot était encore en phase d’apprentissage et que « cette erreur se transformera en expérience ». Le public, d’abord stupéfait, a fini par applaudir pour encourager l’équipe, selon le témoignage de Dmitry Filonov, rédacteur en chef d’Edinorog Media, rapporté par le New York Times. Les organisateurs ont quant à eux évoqué des problèmes de calibrage et d’éclairage pour expliquer ce faux pas.
L’épisode intervient à un moment où la Russie tente de consolider son image dans le domaine des technologies émergentes. Aidol constitue le projet phare de la Nouvelle Coalition technologique russe, un consortium réunissant entreprises de robotique et chercheurs souhaitant attirer des investissements privés, russes comme étrangers. Selon le Washington Post, Alexey Yuzhakov, directeur de la coalition et fondateur de Promobot, ambitionne de lever plusieurs millions de dollars pour accélérer la conception des robots anthropomorphes de nouvelle génération.
Au-delà de ce revers, la compétition internationale demeure intense. En Chine, des robots humanoïdes ont récemment couru un semi-marathon, performance qui marque la progression fulgurante de ces machines dans des contextes exigeants. Aux États-Unis, Tesla poursuit le développement d’Optimus, présenté par Elon Musk comme « le plus grand produit de l’histoire ». Autrefois confinés aux pages de science-fiction, les humanoïdes s’immiscent désormais dans les stratégies industrielles mondiales, chacun de ces projets nourrissant la course à l’automatisation et à la robotique intelligente.
Sources :
Libération – Article publié le 13/11/2025 – [lien]
The Moscow Times – Déclarations sur les tests du robot – [lien]
The New York Times – Témoignage de Dmitry Filonov – [lien]
The Washington Post – Informations sur la Nouvelle Coalition technologique russe – [lien]
Reuters :