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Ségolène Royal : impossible à ranger, elle revient par les rayons des librairies

Dans Mais qui va garder les enfants ?, Ségolène Royal signe un manifeste politique et personnel où elle plaide pour une « part maternelle du pouvoir ». À dix-huit mois de la présidentielle, l’ex-candidate socialiste de 2007 se replace dans le jeu, espérant incarner une voix d’expérience et de rassemblement à gauche.

À chaque veille d’élection présidentielle, Ségolène Royal reprend le chemin des plateaux et des librairies. Fidèle à son tempérament combatif, l’ancienne ministre de l’éducation et ambassadrice des pôles revient sur le devant de la scène avec un livre, Mais qui va garder les enfants ? (Fayard, 352 pages), paru le 29 octobre. Un titre malicieux, inspiré d’une remarque sexiste prêtée à Laurent Fabius lors de la campagne de 2007, et devenu un symbole de la résilience politique de celle qui fut la première femme à se qualifier pour le second tour d’une présidentielle.

Ségolène Royal, que beaucoup voyaient en retrait après plusieurs tentatives infructueuses de retour, entend à nouveau peser dans le débat à gauche. En 2020 déjà, elle s’était dite prête à porter une union entre socialistes et écologistes ; en 2024, elle avait proposé de conduire une liste commune aux européennes. À présent, elle n’écarte pas de participer à la primaire de la gauche non mélenchoniste, actuellement en gestation entre socialistes, écologistes et ex-insoumis de L’Après.

« Je reste ouverte pour la suite », confie-t-elle au Monde. « Les gens veulent de l’expérience en politique et il y a un espace pour une parole calme, posée et rassurante. »

Un manifeste politique sur fond de crise générationnelle

Dans son ouvrage, Ségolène Royal théorise ce qu’elle appelle la « dette générationnelle » : un impératif moral et politique pour protéger la jeunesse, qu’elle décrit comme « tenaillée par l’anxiété ». Crises géopolitiques, inflation, désastre climatique, explosion des troubles psychiques : selon elle, la France doit repenser sa solidarité envers les jeunes. « Il est beaucoup plus difficile d’être jeune aujourd’hui qu’à mon époque », écrit-elle, soulignant le lien entre mal-être et effondrement de la natalité.

Face à ce constat, elle prône un retour à « la part maternelle du pouvoir », contre-pied assumé du « virilisme toxique » qu’elle attribue à Emmanuel Macron, Jordan Bardella ou Jean-Luc Mélenchon, comprendra qui pourra. Vigilance, patience, exigence, constance : autant de qualités qu’elle associe à l’amour maternel et qu’elle estime nécessaires à la reconstruction du lien entre gouvernants et citoyens.

Entre nostalgie et ambition politique

Si l’ouvrage se veut avant tout un diagnostic social et philosophique, il marque aussi le retour stratégique d’une personnalité politique souvent donnée pour disparue. L’ancienne présidente de la région Poitou-Charentes, longtemps figure tutélaire du Parti socialiste, veut rappeler qu’elle fut, en 2007, l’une des rares à avoir rassemblé la gauche autour d’une candidature féminine et réformatrice.

Son passage par la diplomatie et les questions environnementales nourrit encore aujourd’hui son positionnement. Dans une France en quête de repères, Ségolène Royal se rêve en figure d’équilibre : ni radicale ni technocrate, à la fois sociale, écologique et morale.

Non sans ironie, le titre de son livre a suscité quelques rires sur les bancs socialistes : un député s’est amusé à glisser un faux mot signé « François » – pour François Hollande, son ancien compagnon – en réponse à la question du titre : « Je m’en occupe, François. » De quoi rappeler, derrière l’humour, les blessures et la mémoire d’une époque où Royal symbolisait encore l’espoir d’une gauche rassemblée.

Après Emmanuel Valls et son ancien mari qui est revenu en crabe à l’Assemblée, Ségolène Royal tente donc un retour politique. Preuve qu’il semble impossible de se débarrasser de certaines personnalités politiques. Chassées par la porte, elles rentrent par la fenêtre.

Sources :

Le Monde – « Avec son livre, Ségolène Royal veut se rappeler au bon souvenir de la gauche » – 2 novembre 2025Attachment.tiff

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