Volée en août puis retrouvée par un signalement anonyme, la cloche historique de Bouc-Bel-Air, datée de 1763, a finalement été détruite pour sa valeur au métal. L’enquête, qui a conduit à l’interpellation d’un employé municipal, suscite une vive émotion dans la commune et au-delà.

C’est une histoire à la fois rocambolesque et tragique pour le patrimoine local. À Bouc-Bel-Air, dans les Bouches-du-Rhône, la cloche du beffroi datée de 1763 a disparu durant l’été, avant d’être retrouvée… fondue. Une issue d’autant plus cruelle qu’elle a été révélée grâce à un mystérieux courriel anonyme adressé à la mairie, dénonçant le sort réservé à cette pièce de trois siècles d’histoire.

Tout débute le 7 septembre 2025, lorsque le chef de la police municipale signale la disparition de la cloche, alors entreposée dans un local communal en vue d’une restauration. Les gendarmes ouvrent aussitôt une enquête, mais c’est un mail reçu le 23 octobre qui relance l’affaire. L’auteur du message, affirmant vouloir « que la vérité soit dite », y joint une photo d’une cloche portant les inscriptions « DEI GLORIAM » et « I BAVISE », signatures authentifiant sans ambiguïté la cloche de Bouc-Bel-Air.

Les investigations conduisent les forces de l’ordre vers une entreprise métallurgique de Rognac, où la cloche aurait été fondue pour sa valeur au poids du bronze. Une révélation consternante pour le maire, Mathieu Pietri, qui déplore sur les réseaux sociaux « un acte d’une absurdité affligeante, anéantissant près de trois siècles d’histoire ». Selon lui, le butin aurait rapporté aux auteurs « à peine quelques centaines d’euros », alors que la pièce aurait pu valoir « dix fois plus sur le marché de l’art ».

Deux suspects ont été interpellés, dont un employé municipal, désormais déférés devant le parquet d’Aix-en-Provence. Si l’implication de cet agent se confirmait, le maire y verrait « une trahison profondément douloureuse ». « Des générations d’agents municipaux ont protégé cette cloche, sauvée pendant la Révolution et préservée depuis les années 1950 », rappelle-t-il.

Les gendarmes poursuivent leurs investigations pour préciser les rôles de chacun. D’après les premiers éléments, la participation d’un agent communal aurait pu permettre de contourner les dispositifs de sécurité du local où la cloche était stockée.

Malgré la perte définitive de l’objet, Mathieu Pietri promet de poursuivre son projet de restauration du clocher de l’église Saint-André. « Je m’étais engagé à raccrocher cette cloche aux côtés de sa sœur de 1719. Cet engagement demeure », affirme-t-il. Dans un message empreint d’émotion, il conclut : « Cette cloche n’était pas qu’un objet. Elle était la voix du village. Tant que nous continuerons à aimer et à protéger notre patrimoine, elle continuera de résonner — non plus dans le clocher, mais dans nos cœurs. »

Sources :

France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur – « Volée puis fondue, la cloche de Bouc-Bel-Air retrouvée grâce à un mail anonyme » – 31 octobre 2025 – france3-regions.francetvinfo.fr