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Photo : @ZeusUpsistos

Taxe Zucman : l’Assemblée nationale rejette la proposition de la gauche sur les hauts patrimoines

L’Assemblée nationale a rejeté vendredi la taxe sur les très grandes fortunes inspirée par l’économiste Gabriel Zucman, ainsi qu’une version amendée du Parti socialiste. Malgré cet échec, la gauche promet de poursuivre la bataille pour davantage de justice fiscale, tandis que la droite salue un vote « contre l’idéologie de la surtaxe ».

Le débat sur la taxation des plus grandes fortunes a tourné court à l’Assemblée nationale. Vendredi 31 octobre, dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances 2026, les députés ont largement rejeté la “taxe Zucman”, une mesure emblématique défendue par la gauche. Le texte, inspiré des travaux de l’économiste Gabriel Zucman, proposait un impôt minimum de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros.

Le rejet a été sans appel : 228 voix contre 172. Même sort pour la version “allégée” déposée par le Parti socialiste, qui proposait un taux de 3 % dès 10 millions d’euros, mais en épargnant les entreprises familiales et innovantes. Celle-ci a été repoussée par 228 voix contre 171.

Du côté de la droite, la satisfaction est évidente. « Je suis très content que la droite républicaine ait fait ce pour quoi elle est là : s’opposer à des hausses d’impôts qui tuent l’emploi et l’activité économique », a déclaré Laurent Wauquiez, président du groupe Les Républicains.

À gauche, en revanche, la déception est palpable. Mathilde Panot, cheffe de file de La France insoumise (LFI), a dénoncé « l’absence totale de dialogue » avec le gouvernement. « Cela démontre qu’il n’y a rien à négocier avec un pouvoir macroniste qui applique son programme malgré sa défaite électorale », a-t-elle fustigé.

Le Parti socialiste, de son côté, assure vouloir poursuivre le combat. « Il y a d’autres amendements à venir, notamment sur le rétablissement de l’ISF », a affirmé Arthur Delaporte, député PS, regrettant « la mauvaise pente » prise par la majorité. Le Premier ministre Sébastien Lecornu, présent dans l’hémicycle, a indiqué que le gouvernement « reviendrait plus tard » sur la question des recettes fiscales.

Au cœur du débat, une question centrale : celle de la concentration du patrimoine en France. Le président du groupe PS, Boris Vallaud, a rappelé que « le patrimoine des 500 premières fortunes représentait l’équivalent de 6 % du PIB en 1993, contre 43 % aujourd’hui ». Il a aussi souligné la disparité d’imposition entre les plus riches et le reste des contribuables : « Le taux effectif d’imposition des milliardaires est d’environ 30 %, quand celui des Français atteint 50 % en moyenne. »

Des chiffres que la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a toutefois contestés, invoquant les données de la World Inequality Database : selon elle, « les 1 % les plus aisés détenaient 26 % du patrimoine national en 2025, contre 27 % en 2023 ». La ministre a par ailleurs averti des risques d’exil fiscal et d’une inconstitutionnalité potentielle d’un tel impôt.

Si la « taxe Zucman » n’a pas franchi l’obstacle du vote, le débat qu’elle a ouvert reste loin d’être clos. La gauche entend faire du sujet de la justice fiscale un axe majeur de la discussion budgétaire et politique des prochaines semaines.

Sources :

  • Le Parisien – « L’Assemblée nationale rejette la taxe Zucman sur les hauts patrimoines » – 31 octobre 2025
  • AFP – dépêche citée dans Le Parisien, 31 octobre 2025
  • Les Échos – « Débat sur la taxe Zucman : la gauche isolée face au refus du gouvernement » – octobre 2025
  • World Inequality Database – données sur la concentration du patrimoine, 2023-2025

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