Lors de son vol vers l’Asie, Donald Trump a déclaré être “ouvert” à une rencontre avec Kim Jong-un. À demi-mot, il a reconnu le statut nucléaire de la Corée du Nord — une première pour un président américain en exercice, qui pourrait marquer un virage historique dans la diplomatie entre Washington et Pyongyang.
En route vers la Malaisie, le Japon et la Corée du Sud, Donald Trump a semé le doute : pourrait-il revoir le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un pour la première fois depuis 2019 ?
“Je ne sais pas. Il sait que je m’y rends. J’aimerais bien. Je m’entends très bien avec lui”, a déclaré le président américain à bord d’Air Force One, selon le média spécialisé NK News.
Le président américain doit se rendre à Gyeongju (Corée du Sud) les 29 et 30 octobre pour le sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (Apec), où il rencontrera également Xi Jinping.
Mais plusieurs signaux suggèrent qu’une rencontre secrète avec Kim Jong-un pourrait être à l’étude : le ministère sud-coréen de l’Unification a suspendu les visites de la zone démilitarisée de Panmunjom à la même période ; côté nord-coréen, les autorités auraient commencé à nettoyer les abords du village frontalier, selon The Korea Herald.
Trump reconnaît, à demi-mot, la Corée du Nord comme puissance nucléaire
C’est la phrase qui fait trembler les diplomates : à bord d’Air Force One, Donald Trump a déclaré que la Corée du Nord était “en quelque sorte une puissance nucléaire”, précisant que “Kim Jong-un possède déjà de nombreuses armes nucléaires”, rapporte The Chosun Daily.
Jusqu’ici, Washington avait refusé de reconnaître officiellement ce statut, condition sine qua non posée par Pyongyang pour reprendre le dialogue. Cette évolution du discours américain pourrait ouvrir la voie à un tournant majeur dans les négociations sur le désarmement et la sécurité régionale.
“Les planètes semblent alignées pour une reprise de la bromance entre Trump et Kim”, écrit The Japan Times, tout en avertissant que “les apparences peuvent être trompeuses”.
Un contexte géopolitique totalement transformé depuis 2019
Six ans après leur dernière poignée de main historique, le monde a changé.
Selon The Japan Times, le dispositif de sanctions contre la Corée du Nord est aujourd’hui en lambeaux. Grâce à son partenariat stratégique avec la Russie, Pyongyang bénéficie désormais d’un flux régulier de carburant, de nourriture et d’équipements militaires avancés.
“Kim Jong-un a repris l’avantage”, explique Soo Kim, ex-analyste de la CIA. “Il négociera depuis une position de force.”
Le 21 septembre dernier, le dirigeant nord-coréen avait d’ailleurs tendu la main à Washington, tout en fixant ses conditions : plus question de dénucléarisation, mais d’un “dialogue entre puissances nucléaires égales”, selon NK News.
Un calcul politique pour Trump ?
Pour The New York Times, une telle rencontre servirait aussi les intérêts électoraux du président américain, soucieux d’afficher un succès diplomatique majeur avant 2026.
Donald Trump avait déjà surpris le monde en 2018 en devenant le premier président américain à rencontrer Kim Jong-un. Une nouvelle entrevue, dans un contexte mondial instable, pourrait redorer son image internationale et détourner l’attention des critiques internes.
Mais une question demeure : Donald Trump est-il prêt à officialiser la reconnaissance nucléaire de la Corée du Nord ?
Un geste qui bouleverserait la doctrine américaine depuis des décennies et redéfinirait les équilibres de sécurité en Asie-Pacifique.