Après avoir déclaré que les Saoudiens devraient « continuer à monter à chameau » plutôt que d’exiger la création d’un État palestinien, le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, a provoqué un tollé diplomatique et politique. Il a finalement présenté des excuses publiques, reconnaissant des propos « inappropriés ».
Les mots ont dépassé la diplomatie. Le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, figure de l’extrême droite du gouvernement Netanyahou, a présenté ses excuses publiques jeudi 23 octobre après une déclaration jugée méprisante envers l’Arabie saoudite.
Lors d’un colloque consacré à la question de l’annexion de la Cisjordanie, le ministre avait réagi à l’idée d’une normalisation des relations entre Jérusalem et Riyad en échange de la création d’un État palestinien. « Si l’Arabie saoudite nous dit : normalisation en échange d’un État palestinien, mes amis, non merci », a-t-il lancé, avant d’ajouter :
« Continuez à monter à chameau sur le sol du désert saoudien, et nous, nous continuerons à nous développer. »
Une phrase perçue comme profondément insultante par de nombreux responsables israéliens et par l’opinion publique arabe.
Tollé politique et diplomatique
Ces propos ont provoqué un déluge de critiques en Israël, y compris dans les rangs du gouvernement. Le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a publié un message en arabe sur X (ex-Twitter) adressé « aux amis du royaume d’Arabie saoudite et du Moyen-Orient » :
« Bezalel Smotrich ne représente pas l’État d’Israël. »
L’ancien ministre de la Défense Benny Gantz a dénoncé des paroles « ignorantes et irresponsables », estimant qu’elles « nuisent directement aux efforts diplomatiques d’Israël ».
Face à l’indignation grandissante, Smotrich a tenté d’éteindre l’incendie. Dans une vidéo publiée sur X, il a admis que ses propos n’étaient « pas appropriés » et a présenté ses excuses :
« Je regrette sincèrement l’offense que mes mots ont pu causer au peuple saoudien. »
Cependant, il a tenu à nuancer ses regrets :
« Cela dit, j’attends également des Saoudiens qu’ils ne nous portent pas atteinte et qu’ils reconnaissent les droits du peuple juif sur sa patrie historique en Judée-Samarie. »
Une tension au moment où la normalisation reste gelée
Ces déclarations surviennent alors que les discussions de normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite, amorcées après les accords d’Abraham de 2020, sont à l’arrêt depuis le déclenchement de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre 2023. Riyad a réaffirmé à plusieurs reprises que toute reprise du dialogue dépendrait de la création d’un État palestinien viable.
Bezalel Smotrich, l’un des membres les plus radicaux du cabinet de Benyamin Netanyahou, s’oppose fermement à cette perspective. Résident d’une colonie en Cisjordanie, il milite pour l’annexion pure et simple des territoires occupés et rejette tout compromis avec les Palestiniens.
Un ministre coutumier des dérapages
Ce n’est pas la première fois que le ministre fait scandale. Depuis son entrée au gouvernement, Smotrich a multiplié les déclarations incendiaires, souvent en contradiction avec la ligne officielle israélienne. En mars 2023, il avait déjà suscité la controverse en déclarant que le village palestinien de Huwara “devrait être rayé de la carte”, avant de présenter des excuses sous la pression internationale.
Son influence grandissante au sein du gouvernement Netanyahou inquiète les chancelleries occidentales, d’autant qu’il supervise en partie la politique civile en Cisjordanie — un poste hautement sensible dans le contexte actuel du conflit israélo-palestinien.
En Arabie saoudite, la presse officielle n’a pas encore commenté directement ses excuses, mais plusieurs éditorialistes pro-gouvernementaux ont évoqué “une humiliation publique d’Israël” et “le signe que Riyad reste maître du jeu diplomatique”.
Sources :
[Haaretz – “Smotrich apologizes after Saudi Arabia insult sparks outrage” – 24 octobre 2025]