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Louis de Bourbon. Photo : @Secrétariat de Louis de Bourbon.

Les prétendants au trône sortent de l’ombre pour « renouer le pacte millénaire » avec la France

Alors que la République traverse une crise politique et institutionnelle, les héritiers des anciennes dynasties royales tentent une timide réapparition médiatique. Jean d’Orléans et Louis de Bourbon, figures rivales d’un royalisme français morcelé, invoquent chacun la légitimité d’un trône disparu, entre nostalgie monarchique et communication maladroite.

Alors que le pays s’enlise dans une instabilité politique chronique, deux héritiers autoproclamés des anciennes dynasties royales ont saisi l’occasion pour réaffirmer leur prétention symbolique au trône de France. À la faveur d’une médiatisation inédite, Jean d’Orléans, chef de la maison d’Orléans, et Louis de Bourbon, duc d’Anjou, tentent de ranimer un royalisme que beaucoup croyaient à jamais relégué aux pages d’histoire.

Les royalistes, eux-mêmes divisés depuis des siècles, se rangent traditionnellement dans deux camps. Les orléanistes, partisans d’une monarchie constitutionnelle, reconnaissent la lignée de Louis-Philippe, le dernier roi des Français renversé en 1848. Les légitimistes, plus attachés à une monarchie de droit divin, soutiennent la branche espagnole des Bourbon-Anjou, issue des rois de France d’avant la Révolution. Deux visions, deux héritages, et désormais deux stratégies médiatiques.

Jean d’Orléans, la voie « régalienne »

Premier à dégainer, Jean d’Orléans, 60 ans, qui revendique le titre de « comte de Paris », a accordé un long entretien à Boulevard Voltaire, média classé à l’extrême droite. Dans cette vidéo d’une quarantaine de minutes, le descendant des Orléans invite à « renouer le pacte millénaire qui a existé entre la famille royale, la France et le peuple ». Sous des accents de nostalgie, son discours se veut rassembleur : il évoque une monarchie modernisée, garante de stabilité et de continuité nationale.

Mais au-delà de la solennité du propos, l’intervention peine à susciter l’enthousiasme. Terne, Jean d’Orléans reprend les codes d’une droite conservatrice sans proposer de vision véritablement neuve. Pour ses détracteurs, sa parole reste confinée à un folklore monarchique, sans écho dans une société largement détachée des symboles royaux.

Louis de Bourbon, l’héritier légitimiste

Plus flamboyant, voire téméraire, Louis de Bourbon, 51 ans, duc d’Anjou et prétendant légitimiste au trône sous le nom de Louis XX, a lui aussi saisi les médias. Après une tribune publiée dans le Journal du dimanche, dans laquelle il décrit une République « au bord de l’effondrement », il a été invité sur la chaîne CNews.

S’exprimant en direct depuis son domicile madrilène, l’arrière-petit-fils du général Franco s’est toutefois illustré par une prestation maladroite : un ton figé, un regard rivé à des notes visiblement préparées, et un français marqué d’un accent espagnol prononcé. Un détail qui n’a pas échappé aux observateurs, tant il contrastait avec la posture monarchique qu’il revendique.

Fervent catholique traditionaliste, Louis de Bourbon s’est exprimé avant tout pour condamner l’avortement, le mariage homosexuel et la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, qu’il juge « contraire à l’esprit de la France éternelle ».

Un rêve monarchique en décalage avec son époque

Au-delà du pittoresque, ces deux sorties médiatiques traduisent un phénomène plus profond : le retour, à la marge, de la tentation monarchique dans les imaginaires français. Dans un pays où la figure présidentielle s’est fragilisée et où la défiance envers les institutions atteint des sommets, certains voient dans la monarchie une forme d’ordre symbolique perdu.

Mais entre nostalgie et anachronisme, les prétendants au trône semblent prisonniers d’un rêve qui n’a plus de prise sur le réel. Faute d’un enracinement populaire, leurs interventions apparaissent davantage comme des curiosités médiatiques que comme de véritables projets politiques. La « ruée des rois imaginaires », pour reprendre l’expression d’un historien, ne menace guère la République — elle en souligne plutôt les fissures symboliques et l’effondrement des valeurs.

Sources :

Marianne – « Renouer le pacte millénaire entre la famille royale, la France et le peuple » : République en crise, ruée des rois imaginaires – 18/10/2025 – lien

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