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Marine Tondelier. Image : Capture d'écran France Inter.

Censure : Marine Tondelier temporise à son tour

Après avoir martelé que les écologistes exigeraient un vote de confiance et, à défaut, déposeraient une motion de censure, Marine Tondelier a précisé sur France Inter qu’EELV « doit d’abord écouter le discours de politique générale ». Une tactique qui rappelle les nuances récentes du RN et relance la bataille du récit autour du gouvernement Lecornu II.

Le tempo politique s’emballe, les lignes bougent. Invitée de France Inter, France Télévisions et du Monde dimanche 12 octobre, Marine Tondelier a redit l’exigence cardinale d’Europe Écologie-Les Verts : « Nous demandons un vote de confiance, ce qui est normalement… normal. Un gouvernement arrive, il fait son discours de politique générale et il y a un vote de confiance. S’ils ne veulent même pas en organiser, alors… on déposera nous-mêmes une motion de censure que l’on souhaite unitaire. » Mais la secrétaire nationale des Écologistes a aussitôt précisé la méthode : « Nous estimons qu’il faut d’abord écouter le discours de politique générale ». Dans la séquence, Tondelier rappelle qu’EELV n’entend pas « renoncer à toute pression sur M. Lecornu », tout en assumant de juger la copie sur pièces, notamment sur l’environnement, « sujet sur lequel il ne nous a jamais donné de réponses ».

Ce positionnement tranche avec le réflexe d’une censure automatique défendu par les partis de gauche. En revanche, elle rappelle l’inflexion du RN. La semaine passée, Marine Le Pen promettait de censurer « tout gouvernement jusqu’à la dissolution » ; ce dimanche, Jean-Philippe Tanguy (RN) a nuancé sur BFMTV : « La censure n’est pas automatique », elle dépendra des annonces de Sébastien Lecornu, citant même l’hypothèse d’une baisse de TVA sur l’énergie qui ferait obstacle à un vote contre. Le décor est planté : à l’Assemblée, l’heure est au pragmatisme sous condition.

Faut-il y voir, chez les Écologistes, un « retournement de veste » ? La formule fait florès sur les réseaux, comme en témoigne le tweet ci-dessous de l’“influenceur patriote” Jon De Lorraine.

Cela s’accommode toutefois mal des citations exactes. Depuis la reconduction du Premier ministre, la cheffe d’EELV répète trois éléments : 1) demande d’un vote de confiance ; 2) menace de déposer une motion si la confiance est refusée ; 3) évaluation du gouvernement après la déclaration de politique générale si le vote a lieu. Autrement dit, l’option censure reste sur la table, mais adossée à des critères et à un calendrier parlementaire classique. La différence est moins idéologique que procédurale : écouter, peser, puis trancher — ou frapper d’emblée si Matignon refuse la confiance.

Dans l’entrelacs de stratégies, le risque est double pour Lecornu : provoquer l’unité des oppositions en esquivant la confiance ; décevoir en ne tenant pas de gage sur l’écologie, les finances publiques et le pouvoir d’achat. Marine Tondelier l’énonce sans détour : « On va être très attentifs à ce qu’il dit », glissant au passage que la condition — irréaliste — d’un Premier ministre écologiste est « ratée », mais que d’autres exigences demeurent. Le signal est clair : les Verts laissent une porte étroite ouverte, sans renoncer à la censure si le discours confirme l’« absence de cap » qu’ils dénoncent.

Malgré les provocations présidentielles, EELV joue la carte de la pression constructive.

Sources :

Le Monde – « Marine Tondelier estime qu’une dissolution “ne résoudra pas grand-chose” » – 12 octobre 2025 – Le Monde.fr
BFMTV – Direct politique (position d’EELV : attendre le discours avant de décider de la censure) – 12 octobre 2025 – BFMTV
BFMTV – « Pour Jean-Philippe Tanguy (RN), la censure “n’est pas automatique” » – 12 octobre 2025 – BFMTV+1

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