Un ancien enseignant de physique-chimie du prestigieux établissement des Lazaristes à Lyon comparaît pour des faits de harcèlement moral et de violences commis sur une vingtaine d’élèves. Le procès, ouvert le 6 octobre, met en lumière un climat de peur et d’humiliations qui aurait marqué plusieurs générations d’étudiants en classes préparatoires. Le parquet a requis un an de prison avec sursis.
Le 6 octobre 2025, le tribunal correctionnel de Lyon a examiné un dossier explosif : celui d’un ancien professeur du lycée privé Aux Lazaristes. Suspendu en 2022 puis révoqué en 2023, il est poursuivi pour des faits d’humiliations, de propos racistes, sexistes et d’incitation au suicide.
Âgé de 57 ans, l’ex-enseignant de physique en classes préparatoires, est poursuivi pour « harcèlement moral » et « violences par une personne chargée de mission de service public ». Pendant trente-quatre ans, il aurait fait régner la peur dans ses cours, au point que d’anciens élèves parlent aujourd’hui d’un « enfer quotidien ».
L’affaire avait été révélée en mars 2022, après un incident : une élève de classe « cinq demi » – c’est-à-dire redoublant sa deuxième année – avait reçu une craie dans le décolleté, lancée par le professeur, qui s’était exclamé, hilare : « Dans le mille ! » Ce geste, filmé et largement commenté parmi les étudiants, a brisé l’omerta et déclenché une vague de témoignages sur ses méthodes jugées humiliantes.
Selon le dossier d’instruction, le professeur aurait, pendant des années, multiplié les remarques rabaissantes et les surnoms dégradants à l’égard de ses élèves. Il aurait tenu des propos à connotation raciste et sexiste, conseillé à certains étudiants de « se suicider » et jeté des objets en classe, des craies aux effaceurs, pour « réveiller » ou « punir » les élèves qu’il jugeait distraits. Plusieurs anciens étudiants parlent de « peur panique » à l’idée de se tromper devant lui.
Suspendu de ses fonctions le 8 avril 2022, l’enseignant a été définitivement révoqué de l’Éducation nationale le 1ᵉʳ mars 2023. Une première expertise psychiatrique, jugée incomplète, avait conduit le tribunal à reporter son procès en septembre 2024, dans l’attente d’une évaluation plus approfondie. Celle-ci, désormais versée au dossier, n’a pas modifié l’appréciation du parquet, qui estime que la « gravité et l’ancienneté des faits » sont indéniables.
Quatre anciens élèves se sont constitués partie civile, tandis que plusieurs autres, malgré leurs témoignages, n’ont pas souhaité porter plainte. Certains affirment encore souffrir de séquelles psychologiques durables. L’une d’elles doit d’ailleurs se soumettre à une expertise pour évaluer son préjudice moral.
Sources :
Actu Lyon, Rue89.