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Israël : deux ans après le 7 Octobre, Benyamin Nétanyahou bloque toujours une enquête officielle

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Deux ans après les massacres du 7 octobre 2023, qui ont coûté la vie à plus de 1 200 Israéliens, l’État hébreu n’a toujours pas ouvert de commission d’enquête indépendante. Si l’armée et le Shin Bet ont reconnu leurs fautes, le Premier ministre Benyamin Nétanyahou refuse, lui, d’assumer sa part de responsabilité, malgré une opinion publique de plus en plus critique.

Le 7 octobre 2023, Israël subissait la plus grave attaque terroriste de son histoire : plus de 1 200 civils et soldats étaient tués, des centaines d’autres pris en otage par le Hamas. Deux ans plus tard, les plaies restent béantes. Et une question obsède le pays : comment un tel désastre a-t-il pu se produire sans qu’aucune alerte ne soit suivie d’effet ?

Dans les médias israéliens, les critiques se font de plus en plus virulentes. Le quotidien Ha’Aretz dénonce un gouvernement “qui a abandonné ses citoyens” et un Premier ministre “seul haut responsable à ne pas avoir reconnu sa faute”. “Ce qui aurait dû se produire en octobre 2023 – l’acceptation de la responsabilité, la démission et la création d’une commission d’enquête d’État – a été remplacé par une longue campagne pour la survie politique de Nétanyahou”, écrit le journal dans un éditorial au vitriol.

Les institutions reconnaissent leurs fautes, pas le Premier ministre

Si Benyamin Nétanyahou s’accroche au pouvoir, plusieurs institutions de l’État ont déjà entrepris leur examen de conscience.
L’armée israélienne (Tsahal) a publié en février un rapport accablant, reconnaissant un mauvais jugement des intentions du Hamas et un manque de préparation opérationnelle. Le chef d’état-major de l’époque, Herzi Halevi, a d’ailleurs démissionné en janvier 2025, assumant publiquement sa responsabilité dans “l’échec de Tsahal le 7 Octobre”.

De son côté, le Shin Bet, le service de sécurité intérieure, a admis en mars avoir sous-estimé la menace. Son directeur, Ronen Bar, a reconnu que “si l’agence avait agi différemment, le massacre aurait pu être empêché”. L’enquête interne révèle qu’un document stratégique, rédigé dès 2022, évoquait la possibilité d’une attaque d’ampleur comparable à celle du 7 octobre 2023 — sans être pour autant considéré comme une alerte sérieuse.

Malgré ces reconnaissances, le gouvernement israélien refuse la mise en place d’une commission d’enquête d’État disposant de pouvoirs judiciaires étendus. Une telle instance, indépendante, aurait vocation à déterminer les responsabilités politiques, militaires et sécuritaires.

Nétanyahou face à la pression populaire

Pour l’heure, Benyamin Nétanyahou invoque la guerre toujours en cours à Gaza pour justifier ce blocage, estimant qu’“une enquête d’État affaiblirait la nation en temps de conflit”. Une position rejetée par une majorité de la population : selon un sondage du Times of Israel66 % des Israéliens estiment que le Premier ministre doit assumer ses responsabilités et démissionner.

Cette défiance s’explique aussi par une impression d’impunité. Alors que Tsahal et le Shin Bet ont publiquement reconnu leurs fautes, le chef du gouvernement n’a ni présenté d’excuses, ni annoncé de réforme, se contentant d’imputer les manquements aux services de renseignement. Une stratégie que Ha’Aretz décrit comme “l’incarnation du déni politique”.

Le spectre d’un séisme politique

Le débat dépasse désormais le cadre sécuritaire. Pour une partie de la société israélienne, il s’agit d’une crise morale : celle d’un pouvoir qui, deux ans après la tragédie, refuse de regarder ses erreurs en face. Des familles de victimes, regroupées au sein de collectifs citoyens, réclament l’ouverture d’une enquête indépendante. Plusieurs manifestations ont eu lieu à Tel-Aviv et Jérusalem, exigeant la fin de “l’impunité politique”.

Mais dans un contexte de guerre prolongée à Gaza, le gouvernement continue de brandir l’unité nationale comme justification à l’inaction. “Nous ne pouvons pas juger alors que nos soldats se battent encore”, a déclaré un proche du Premier ministre, cité par Ynetnews.

Pour Matanyahu Englman, le contrôleur de l’État israélien, la situation ne peut plus durer : “Le devoir d’une démocratie est de tirer les leçons de ses échecs. Le 7 Octobre n’a pas seulement été une tragédie militaire, c’est une faillite de l’État.”

Sources :

Ha’Aretz – éditorial du 5 octobre 2025 – haaretz.com
Times of Israel – Poll: 66% of Israelis say Netanyahu should resign – 4 octobre 2025 – timesofisrael.com
Ynetnews – IDF and Shin Bet acknowledge failures of October 7 attacks – mars 2025 – ynetnews.com

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