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Bruno Le Maire. Photo : @Julien Nizet

Bruno Le Maire : un ex-ministre éphémère qui renonce à toute indemnité

Nommé ministre des Armées pour moins de quatorze heures avant la chute du gouvernement Lecornu, Bruno Le Maire a annoncé qu’il renonçait à toute indemnité de départ. Une décision qu’il revendique comme un geste d’éthique publique, dans un climat marqué par la polémique autour des avantages des ministres éphémères.

Moins de quatorze heures. C’est le temps qu’aura duré le passage de Bruno Le Maire au ministère des Armées, avant la démission surprise de Sébastien Lecornu qui a fait exploser le gouvernement à peine nommé. Et pourtant, l’ancien ministre de l’Économie aurait pu, comme les dix-huit autres membres de cette équipe éphémère, percevoir une indemnité de départ de trois mois de salaire, soit environ 30 000 euros. Il a choisi d’y renoncer.

Interrogé par le média Brut, Bruno Le Maire a coupé court à toute ambiguïté : « Aucune indemnité, aucune, zéro euro. Je n’ai pas pris d’indemnité quand je suis parti du ministère des Finances après sept ans de service, je ne vais pas en prendre après douze heures comme ministre des Armées. » L’ancien LR, dont la nomination avait contribué à fragiliser l’équilibre du gouvernement, a jugé ce débat « un peu lunaire ». Et d’ajouter : « C’est le contribuable qui paye. »

Une règle ancienne, mais à géométrie morale variable

Selon l’ordonnance du 17 novembre 1958, modifiée en 2013, les anciens ministres ont droit à une indemnité pendant trois mois, équivalente à leur traitement en poste, à condition de ne pas reprendre une activité rémunérée avant ce délai. Ce texte, inspiré du statut des hauts fonctionnaires, vise à garantir une période de transition professionnelle. Mais il ne prévoit pas de durée minimale d’exercice. Ainsi, même un ministre resté quelques heures au gouvernement peut y prétendre — ce qui alimente aujourd’hui la controverse.

Bruno Le Maire, qui a souvent mis en avant sa rigueur budgétaire, même s’il se pays s’est retrouvé dans une situation catastrophique après son mandat, se distingue ici de ses ex-collègues. D’autres membres du gouvernement Lecornu pourraient, eux, bénéficier de cette indemnité. L’intéressé souligne par ailleurs qu’il n’« jamais occupé de logement de fonction, ni comme ministre de l’Agriculture, ni comme ministre de l’Économie et des Finances ».

Une reconversion immédiate

Dès la semaine prochaine, Bruno Le Maire reprendra son poste de professeur invité au centre Enterprise for Society (E4S) à Lausanne, où il enseigne la géopolitique depuis 2024. Ce retour à l’université l’exclut de fait du bénéfice de l’indemnité de départ, puisque la loi stipule que toute reprise d’activité rémunérée y met fin.

L’ancien ministre a également évoqué ses activités de consultant pour ASML, géant néerlandais des semi-conducteurs, évoquant des « déplacements prévus en Europe », alors que l’entreprise a assuré qu’il n’y travaillait plus. Ce flou témoigne de la complexité des reconversions post-politiques, où l’éthique et les règles de transparence s’entrechoquent souvent.

Sources :

Le Figaro – « Bruno Le Maire renonce à ses indemnités d’ex-ministre éphémère des Armées » – Julien Da Sois – 07/10/2025 – lefigaro.fr
Brut – Entretien vidéo avec Bruno Le Maire – 07/10/2025 – brut.media
Vie-publique.fr – « Indemnités de départ des membres du gouvernement » – consulté le 07/10/2025 – vie-publique.fr
Ordonnance du 17 novembre 1958 relative à la composition du gouvernement – modifiée le 13 octobre 2013 – Legifrance.gouv.fr

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