Dans une interview au 13H de TF1, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur démissionnaire et président des Républicains, revient sur les coulisses de la crise gouvernementale. Il affirme avoir été reçu « hier pendant 1h30 » par le Premier ministre, sans qu’on lui annonce la nomination de Bruno Le Maire, pointant un « problème de confiance » au cœur du malaise politique.
Interrogé sur sa responsabilité dans la démission express du gouvernement, Retailleau récuse toute culpabilité. Il explique que, fidèle à ses convictions, il a accepté d’entrer dans l’exécutif pour apporter de la stabilité et contrer la gauche. Mais ce qu’il retiendra surtout de l’entretien avec le Premier ministre, c’est l’omission — selon lui volontaire — de l’annonce de la nomination de Bruno Le Maire à un poste important. « Il m’a caché qu’il y aurait la nomination de Bruno Le Maire », répète-t-il, dénonçant une absence de transparence qu’il juge incompatible avec le fonctionnement d’une équipe unie.
Ce manquement relèverait, selon Retailleau, du cœur même de la gouvernance politique : « quand on est dans une équipe, on a besoin de confiance ». Pour lui, c’est une ligne rouge franchie, justifiant qu’il ne pouvait s’engager davantage sans garanties claires sur les choix et les valeurs portés par ses collègues.
La rupture promise, mais non tenue
Le président des Républicains souligne l’écart entre les promesses de « rupture » martelées au sommet et la réalité d’un gouvernement où certains « chevaux de retour » refont surface. Bruno Le Maire, qu’il décrit comme une figure symbolique — non pas pour ses qualités individuelles — incarnerait ce retournement aux yeux de Retailleau, qui reproche au pouvoir de verser dans la tromperie narrative.
Dans sa réflexion, il avance que ce n’est pas la personne de Le Maire qui pose problème, mais ce qu’il représente : le retour à une continuité politique que beaucoup jugeaient dépassée. « On promet une rupture et on se retrouve avec des chevaux de retour », déplore-t-il, estimant que la confiance publique est trahie quand les actes ne suivent pas les mots.
Que faire dans ce contexte ? Vers de nouveaux choix ?
Face à la crise ouverte, Retailleau élargit le débat à la légitimité institutionnelle. Il rappelle que, dans la Ve République, seul le président de la République dispose des clés : nomination du gouvernement, dissolution de l’Assemblée nationale. Il exclut la responsabilité de répéter la dissolution décidée en 2024, mais admet que le retour aux urnes pourrait devenir une issue si la situation se bloque durablement.
S’il se dit aujourd’hui prêt à participer à un futur gouvernement, ce ne sera que sous condition : un « cap très franc » et une ligne claire, sans compromissions ambiguës. Il refuse de cautionner un exécutif de gauche dans ce contexte qu’il juge toxique pour la cohérence politique et l’image donnée aux Français.
Retailleau met ainsi en avant des thèmes chers à sa famille politique : la maîtrise de l’immigration, la valorisation du travail sur l’assistanat, le recentrement de certaines aides sociales. Pour lui, c’est plus qu’un débat d’orientation : il s’agit d’un pacte de confiance entre les élus et les citoyens.
Sources :
TF1 Info – Démission de Sébastien Lecornu : Bruno Retailleau ne se sent « pas du tout » responsable (6 octobre 2025) – lien TF1 INFO
TF1 Info – Bruno Retailleau sur TF1 : « S’il y a un blocage, alors il faudra le retour aux urnes » (6 octobre 2025) – lien