La démission du Premier ministre Sébastien Lecornu, moins d’un jour après la présentation de son gouvernement, provoque une onde de choc sur les marchés financiers. Les taux à 10 ans français bondissent, tandis que le CAC 40 décroche, reflet de l’inquiétude grandissante des investisseurs face à l’instabilité politique.

Le départ soudain de Sébastien Lecornu a aussitôt fait trembler la sphère économique. Ce lundi 6 octobre, quelques heures seulement après l’annonce de sa démission, les taux d’emprunt de la France se sont envolés. Le rendement de l’obligation française à dix ans a grimpé de plus de sept points de base dans la matinée, atteignant 3,58 %, contre 3,51 % la veille. Une progression rapide qui traduit la méfiance accrue des marchés face à l’incertitude politique.

Ce niveau rapproche désormais la France de l’Italie, qui, historiquement, empruntait bien plus cher que Paris. Le spread — c’est-à-dire l’écart de taux entre la France et l’Allemagne — s’est lui aussi creusé, atteignant 87 points de base, son plus haut niveau depuis janvier. Un signal clair envoyé par les investisseurs : la stabilité budgétaire et institutionnelle du pays est mise en question.

« Ce type de réaction est typique des périodes d’instabilité politique majeure », souligne un analyste obligataire parisien cité par l’AFP. « Les investisseurs exigent une prime de risque plus élevée pour détenir de la dette française, d’autant que les perspectives budgétaires restent incertaines à moyen terme. »

Sur le marché boursier, la nervosité est palpable. Le CAC 40 accusait une chute de 1,97 % dans la matinée, plombé par les valeurs bancaires et industrielles, particulièrement sensibles aux secousses politiques et à la hausse des taux. Les opérateurs redoutent désormais une contagion plus large à la zone euro si la crise devait s’envenimer.

La démission du Premier ministre, annoncée par l’Élysée dans un communiqué laconique, a pris de court la majorité comme les milieux économiques. Sébastien Lecornu, nommé le 9 septembre, était déjà fragilisé par les tensions avec Les Républicains et la polémique autour du retour de Bruno Le Maire aux Armées. Sa décision, au lendemain de la composition de son gouvernement, plonge l’exécutif dans un vide politique préoccupant.

Alors que plusieurs voix, notamment celle de Jordan Bardella, appellent à une dissolution de l’Assemblée nationale, la France voit sa crédibilité financière mise à rude épreuve. Le signal envoyé par les marchés est limpide : sans visibilité politique, la dette française redevient un actif risqué. Et pour Emmanuel Macron, la marge de manœuvre se réduit d’heure en heure.

Source :
BFMTV– « Les taux d’emprunt de la France bondissent après la démission surprise de Sébastien Lecornu » – lien