Après l’annonce surprise du Premier ministre Sébastien Lecornu de renoncer au recours au 49.3, Olivier Faure salue un « changement de méthode » mais reste prudent. Le premier secrétaire du PS demande au gouvernement d’aller jusqu’au bout en permettant un vote parlementaire sur la réforme des retraites.

La déclaration a pris de court l’Assemblée. Jeudi soir, Sébastien Lecornu a annoncé qu’il renonçait à l’usage de l’article 49.3 de la Constitution, ce levier contesté permettant de faire adopter un texte sans vote, au prix d’un possible renversement du gouvernement. Une annonce saluée par l’opposition, mais accueillie avec circonspection.

Deux heures plus tard, le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a réagi depuis Matignon, où une rencontre avec le Premier ministre était prévue ce vendredi matin. Pour le leader socialiste, cette décision constitue « un changement de méthode », aligné sur une revendication ancienne du PS. « Le Parlement, et lui seul, aura le dernier mot », a-t-il souligné, voyant là une évolution notable dans la pratique institutionnelle.

Mais la prudence reste de mise. « Derrière cette proposition, se cachent les détails qui permettent au gouvernement de continuer à cornaquer les débats », met en garde Olivier Faure. Le responsable socialiste dit « chiche » à Sébastien Lecornu et l’appelle à la cohérence : « Nous allons lui demander s’il est prêt à permettre un débat, notamment sur la réforme Borne des retraites, si les députés et sénateurs ont la possibilité de voter pour la première fois sur une réforme qui a précisément été adoptée grâce au 49.3 ».

Pour Olivier Faure, l’abandon annoncé du 49.3 doit se traduire par un geste politique fort. Sans cela, l’opposition redoute un simple « écran de fumée », une habileté destinée à apaiser les tensions sans modifier en profondeur les équilibres de pouvoir. En filigrane, le Parti socialiste espère rouvrir le dossier explosif des retraites, adopté en 2023 dans la douleur et au prix d’une profonde fracture politique et sociale.

La séquence qui s’ouvre place donc Sébastien Lecornu face à un dilemme : transformer son renoncement en véritable tournant institutionnel ou risquer de nourrir une défiance accrue. Une équation qui pourrait bien conditionner la suite de son mandat.

Sources :
Public Sénat – Abandon du 49.3 : Olivier Faure prend aux mots Sébastien Lecornu et lui demande un vote sur les retraites – 03/10/2025