Évincé de Matignon après un vote de défiance, François Bayrou n’entend pas disparaître du paysage. À 76 ans lors de la prochaine présidentielle, le leader du Modem reste obsédé par l’idée d’exister au centre du jeu, oscillant entre ambitions locales, rôle de conseiller et tentation d’une candidature nationale.

François Bayrou est tombé, mais pas abattu. Après seulement neuf mois à Matignon, le maire de Pau a quitté l’hôtel de la rue de Varenne le 8 septembre dernier, renversé par l’Assemblée nationale. Pourtant, à peine quelques jours plus tard, le Béarnais reprenait déjà les rênes de son conseil municipal, comme s’il n’avait jamais quitté la scène. Ses adversaires l’attendaient de pied ferme, rappelant une facture contestée de 40 000 euros pour la rénovation de son bureau ou ses promesses non tenues, mais rien n’y fait : Bayrou cultive l’image de celui qui survit à tout.

Dans son entourage, certains l’imaginent se consacrer à Pau et à ses terres béarnaises, entre chevaux et rugby. Mais lui refuse l’idée d’un retrait. Lors de son départ de Matignon, il a promis de « faire tout » pour soutenir le gouvernement, un message adressé autant à ses alliés qu’à Sébastien Lecornu, son successeur, avec lequel les relations sont notoirement glaciales.

Malgré une image écornée et des sondages catastrophiques – 81 % des Français désapprouvaient son action de Premier ministre –, Bayrou reste persuadé d’avoir un rôle à jouer. Fin septembre, il doit s’exprimer à l’Isle-sur-la-Sorgue, dans le Vaucluse, lors d’un rendez-vous centré sur la jeunesse. Une stratégie assumée : en 2007, il avait séduit près d’un quart des 18-30 ans, et il semble vouloir renouer avec cette fibre.

Mais l’hypothèse d’une candidature à l’élection présidentielle de 2027 laisse son propre camp perplexe. Son âge – il aurait alors 76 ans – et le besoin de renouveau pèsent lourdement. Ses troupes paraissent fatiguées, souvent critiques à l’égard d’un leader jugé « lent » et « laborieux ». D’autant que son horizon judiciaire reste incertain : relaxé en première instance dans l’affaire des assistants parlementaires européens, il devra à nouveau se défendre en appel.

Pour autant, Bayrou n’a jamais cessé de se relever. « Highlander », le surnom qui lui colle à la peau, résume bien sa trajectoire : il traverse les tempêtes, renaît après chaque chute et ne s’avoue jamais vaincu. Reste à savoir si, en 2027, l’homme providentiel qu’il se rêve encore trouvera une place dans une France en quête de renouveau.

Sources :
BFMTV – « François Bayrou : après son départ de Matignon, la présidentielle 2027 en ligne de mire ? » – lien