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De gauche à droite : Giovanni Lamanna, directeur du Laboratoire de physique des particules d’Annecy ; Filippo Vicentini, Professeur, Chaire Physique Quantique et Intelligence Artificielle - École Polytechnique ; Olivier Ezratty - Co-fondateur - Quantum Energy Initiative ; Félix Givois - Ingénieur projets calcul quantique - GENCI ; Salvatore Cinà - Directeur de Programme Technologies Quantiques - CEA. Photo : @Greg Fiori.

Sido Lyon 2025 : quantique et IA, des « particules complémentaires » 

Une conférence animée par Julien Bergounhoux (L’Usine Digitale) a réuni ce mercredi 17 septembre des chercheurs et experts pour explorer les liens entre informatique quantique et intelligence artificielle lors du Sido, le salon dédié aux nouvelles technologie qui s’est déroulé à Lyon. De la simulation moléculaire à l’optimisation industrielle, les intervenants ont souligné des complémentarités réelles mais encore freinées par des limites technologiques.

Cinq experts du quantique et de l’intelligence artificielle ont débattu de l’avenir de ces deux technologies au potentiel disruptif. Modérée par Julien Bergounhoux, rédacteur en chef de L’Usine Digitale, la conférence intitulée « Quantique et Intelligence Artificielle : les particules complémentaires ? » a offert un panorama des avancées, des applications envisagées et des obstacles persistants.

Le calcul quantique : une promesse encore en gestation

Olivier Ezratty, cofondateur de la Quantum Energy Initiative, a rappelé les origines de l’informatique quantique et ses premiers prototypes apparus dans les années 1990. Aujourd’hui, une centaine de machines sont disponibles via le cloud, mais elles restent incapables de dépasser réellement les supercalculateurs classiques.

Parmi les cas d’usage, trois se démarquent : la simulation de phénomènes quantiques pour la chimie et les matériaux, l’optimisation de systèmes complexes (logistique, finance, télécoms), et enfin le machine learning, où l’intérêt du quantique reste encore hypothétique. À ces perspectives s’ajoutent des applications sensibles comme la cryptographie, régulièrement évoquées dans les débats publics.

IA et quantique : une complémentarité déjà à l’œuvre

Giovanni Lamanna, directeur du Laboratoire de physique des particules d’Annecy, a mis en avant la convergence entre les deux domaines dans la recherche scientifique. L’IA permet déjà d’optimiser les simulations quantiques, en réduisant le nombre d’expériences expérimentales nécessaires. Cette synergie est notamment exploitée en pharmacologie, où les algorithmes d’apprentissage aident à identifier des molécules prometteuses avant validation en laboratoire.

Pour Filippo Vicentini, professeur à l’École polytechnique, l’IA ne peut se passer de données massives, alors que le quantique excelle sur des problèmes précis à faible volume d’information, comme la modélisation de structures moléculaires. Selon lui, les deux approches se renforcent sans se remplacer.

Vers des infrastructures hybrides

L’intégration concrète du quantique dans les centres de calcul a été abordée par Félix Givois, ingénieur projets calcul quantique au GENCI. En France, deux systèmes – l’un basé sur des atomes neutres de la société française Pasqal, l’autre sur des photons de Candela, un autre fleuron tricolore, doivent être opérationnels d’ici 2026. L’objectif est de bâtir des plateformes hybrides, où processeurs quantiques et supercalculateurs coopèrent selon les besoins.

Si la connexion ne nécessite qu’un simple câble Ethernet, les défis résident surtout dans la stabilité des environnements et la correction d’erreurs. « Tous les calculs quantiques sont hybrides », rappelle Olivier Ezratty, soulignant que l’avenir dépendra de l’intégration fine entre matériel classique et quantique.

Une stratégie européenne et des enjeux énergétiques

Salvatore Cinà, directeur de programme Technologies quantiques au CEA, a insisté sur le rôle du futur Quantum Act européen, qui vise à harmoniser les efforts et éviter les redondances entre États membres. L’Europe, selon lui, doit éviter de répéter l’erreur du web inventé au CERN mais commercialisé par les États-Unis.

Au terme de cette conférence dense, une conviction ressort : l’intelligence artificielle et le quantique ne sont pas concurrents mais interdépendants. L’un apporte la puissance d’analyse, l’autre la précision physique. Ensemble, ils pourraient ouvrir un nouveau chapitre de l’innovation scientifique et industrielle européenne.

Enfin, l’impact énergétique et environnemental a également été au centre des débats. Si les futurs ordinateurs quantiques consommeront beaucoup moins que les infrastructures géantes de l’IA générative, leur efficacité dépendra des choix d’architecture effectués dès aujourd’hui. « Il vaut mieux se poser la question avant qu’après », a conclu Olivier Ezratty, plaidant pour une approche responsable. Le co-fondateur de la Quantum Energy Initiative, une initiative visant à structurer une nouvelle communauté au tour de l’énergétique du quantique, est revenu sur les promesses des ordinateurs quantiques et son approche environnementale à l’issue de la conférence.

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