Après avoir dénigré l’Afrique lors de son premier mandat, Donald Trump fait désormais du continent une pièce stratégique de sa politique étrangère. Mais sa nouvelle approche, centrée sur l’accès aux ressources, la gestion des flux migratoires et une diplomatie de rapports de force, reste marquée par une logique strictement transactionnelle.
L’Afrique, longtemps marginalisée par Donald Trump, revient au premier plan de sa diplomatie. Après l’hostilité affichée lors de son premier mandat – le président américain avait qualifié certains pays africains de « shithole countries » – la Maison-Blanche mise désormais sur une stratégie pragmatique mêlant sécurité, économie et migration. Une approche que plusieurs observateurs qualifient de « doctrine africaine » de Trump II.
Au Sahel, Washington cherche à se rapprocher des juntes militaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger, regroupées au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES). Sous Joe Biden, ces régimes avaient été isolés diplomatiquement après leurs coups d’État. L’administration Trump adopte, elle, un ton différent : en échange de services sécuritaires, les États-Unis lorgnent un accès privilégié aux ressources minières stratégiques de la région. Une orientation transactionnelle qui, selon Le Djely, pourrait faire école sur l’ensemble du continent.
Cette inflexion contraste avec les débuts du second mandat. Début 2025, la suppression de plus de 80 % des programmes de l’USAID avait suscité la colère, tout comme l’imposition de droits de douane lourds sur plusieurs produits africains. Mais depuis, la Maison-Blanche multiplie les gestes d’ouverture. En juillet, Donald Trump a convié cinq chefs d’État africains (Mauritanie, Guinée-Bissau, Liberia, Sénégal et Gabon) à Washington pour discuter d’« opportunités commerciales ». Absents de cette rencontre, les poids lourds du continent – Nigeria, Afrique du Sud, Égypte, Éthiopie – tous liés aux BRICS, ont été explicitement menacés de sanctions économiques.
Au-delà du commerce, la politique africaine de Trump projette ses obsessions migratoires. Des accords bilatéraux ont été négociés avec plusieurs États, dont le Rwanda, le Soudan du Sud, l’Eswatini et, plus récemment, l’Ouganda. Objectif : accueillir sur leur sol des demandeurs d’asile déboutés aux États-Unis. Une externalisation jugée préoccupante par les ONG, dans des pays déjà saturés par des millions de réfugiés venus du Soudan ou de la RDC. Selon Al-Jazeera, ces accords sont perçus localement comme un « geste de bonne volonté » pour gagner les faveurs de Washington.
La stratégie s’accompagne d’initiatives diplomatiques ciblées. Washington s’est ainsi engagé comme médiateur dans la crise entre la RDC et le Rwanda, aux côtés du Qatar, parrainant un accord de paix salué en juin dernier, même si les combats se poursuivent sur le terrain. Mais l’objectif reste clair : freiner l’influence croissante de la Chine, premier partenaire commercial de l’Afrique, et de la Russie, fournisseur majeur d’armements sur le continent.
Ainsi, la nouvelle doctrine africaine de Donald Trump n’a rien de philanthropique. Elle repose sur une logique de donnant-donnant où sécurité, migrations et minerais s’échangent comme des marchandises. « Trump garde un œil sur les richesses minières de l’Afrique », résume CNN, rappelant que les États-Unis entendent concurrencer Pékin dans l’accès aux ressources essentielles. Un retour en force sur le continent, mais sous le sceau d’une diplomatie à la fois brutale et opportuniste.
Sources :
Courrier international – Analyse. Donald Trump déploie une nouvelle doctrine africaine : migration, diplomatie et ressources premières – 4 septembre 2025 – lien
Le Djely – Trump II et le Sahel : une approche pragmatique – août 2025 – lien
CNN – Trump’s Africa policy shifts to resources and migration – septembre 2025 – lien
African Business – Trump’s rollback of USAID programs in Africa – juillet 2025 – lien
Al-Jazeera – Trump’s migration deals with African states raise concern – août 2025 – lien