Le célèbre ascenseur de Glória, emblème touristique de Lisbonne, a été le théâtre d’un drame sans précédent ce mercredi 3 septembre. Un accident de funiculaire, causé selon les premiers éléments par la rupture d’un câble de sécurité, a coûté la vie à 15 personnes et blessé plusieurs autres. L’événement a choqué la population portugaise et relance le débat sur l’entretien des infrastructures historiques de la capitale.
Le vieux funiculaire de Glória, inauguré en 1885 et reliant depuis plus d’un siècle la Praça dos Restauradores au Bairro Alto, est l’un des moyens de transport les plus pittoresques de Lisbonne. Mais ce mercredi, l’icône lisboète a déraillé brutalement en pleine descente, avant de terminer sa course dans un bâtiment situé en contrebas. L’impact a été d’une violence extrême. Quinze personnes ont perdu la vie, selon un bilan provisoire rapporté par Reuters et relayé par Courrier international. Plusieurs passagers, dont certains touristes étrangers, ont été hospitalisés dans un état grave.
Les causes exactes de l’accident sont encore en cours d’analyse, mais les autorités portugaises évoquent déjà une « rupture du câble de sécurité » comme piste principale. L’ascenseur, qui fonctionne grâce à un système de traction sur rails, est équipé de mécanismes de freinage d’urgence. Leur éventuelle défaillance pourrait expliquer l’impossibilité d’arrêter la cabine lancée à pleine vitesse sur la pente raide.
Une négligence dans l’entretien en question
Ce drame soulève de nombreuses interrogations sur l’état des infrastructures lisboètes, notamment celles classées au patrimoine historique. L’ascenseur de Glória, géré par la société Carris, avait subi une série de rénovations ces dernières années, mais certains experts pointent du doigt un entretien insuffisant, voire irrégulier. « Nous demandons depuis longtemps des contrôles techniques plus fréquents sur ces lignes anciennes », a déclaré un représentant du syndicat des conducteurs de transport urbain.
Si le funiculaire est principalement utilisé par les touristes, il reste un symbole fort de la ville, au même titre que les tramways jaunes ou les belvédères traditionnels. L’accident réveille donc une émotion collective, doublée d’une colère sourde envers les autorités locales et les opérateurs de transport. Le gouvernement portugais a annoncé l’ouverture d’une enquête indépendante ainsi que la suspension immédiate de tous les funiculaires de la ville jusqu’à nouvel ordre.
Des réactions à l’échelle nationale
Le président de la République, Marcelo Rebelo de Sousa, a exprimé sa « profonde tristesse » et présenté ses condoléances aux familles des victimes. Dans un message publié sur le site de la présidence, il a affirmé que « toute la lumière devra être faite sur les circonstances de ce drame ». Le Premier ministre António Costa, en déplacement à Porto, a écourté sa visite pour rejoindre la capitale, où il a rencontré les équipes de secours mobilisées sur place.
De nombreux Lisboètes se sont rassemblés spontanément près du lieu de l’accident pour déposer des fleurs et rendre hommage aux victimes. Ce deuil collectif témoigne de l’attachement profond des habitants à ce pan du patrimoine local. L’émotion est d’autant plus vive que l’accident intervient à la fin de la haute saison touristique, période où les funiculaires sont particulièrement fréquentés.
Un signal d’alarme pour les villes patrimoniales
Au-delà de Lisbonne, cet accident de funiculaire interpelle d’autres grandes villes européennes confrontées à la gestion de transports historiques. À Porto, Barcelone ou Naples, plusieurs lignes anciennes continuent de fonctionner dans des conditions parfois précaires. La question de leur modernisation, sans altérer leur valeur patrimoniale, devient urgente. Elle pose un dilemme entre préservation du charme d’antan et sécurité des usagers.
L’enquête en cours devra déterminer si l’accident de Glória relève d’un incident isolé ou d’un symptôme plus large d’obsolescence. Pour l’heure, la priorité reste à l’identification des victimes et au soutien des familles endeuillées. Mais les conclusions attendues dans les prochaines semaines pourraient entraîner des changements profonds dans la gestion des infrastructures touristiques portugaises.
Source : Courrier international