Jeudi soir, un policier de la brigade anticriminalité de Tourcoing a été violemment agressé lors d’une intervention. Tabassé par plusieurs individus, il souffre de lourdes blessures au visage. L’agression, filmée et relayée sur les réseaux sociaux, suscite une vague d’indignation politique et syndicale.
Un policier de la brigade anticriminalité (BAC) de Tourcoing a été violemment pris à partie jeudi en fin de journée alors qu’il intervenait pour un vol de trottinette. Les faits se sont déroulés dans le quartier du Pont de Neuville. Selon une source policière citée par Le Parisien, alors qu’il s’apprêtait à interpeller un suspect, plusieurs individus se sont jetés sur lui et l’ont roué de coups. Ils auraient tenté de lui dérober son arme, mais n’ont pas réussi. Ses deux collègues ont réussi à l’extirper, tandis que ses agresseurs prenaient la fuite.
Le fonctionnaire, en poste depuis 1999 et père de famille, a été grièvement blessé : une dent cassée, le nez fracturé et une pommette enfoncée. Transporté à l’hôpital, il s’est dit « choqué » et particulièrement bouleversé par l’âge présumé de l’un de ses agresseurs, un adolescent de 15 ans, interpellé quelques heures après les faits. La préfecture des Hauts-de-France a confirmé son arrestation et précisé que ses complices restaient activement recherchés.
La scène, filmée et diffusée sur les réseaux sociaux, montre un homme maintenu au sol et frappé violemment au visage. Ces images, reprises par des syndicats de police, ont rapidement suscité une vague d’indignation.
Sur X, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a dénoncé une « haine anti-flics » et un « lynchage barbare » : « Ce n’est pas un fait divers isolé. Nos forces de l’ordre sont régulièrement prises pour cible », a-t-il déclaré, en assurant s’être entretenu avec le policier blessé.
Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, ancien maire de Tourcoing, a également réagi sur X : « Un courageux policier de la BAC a été molesté alors qu’il ne faisait que son travail : assurer la paix publique », a-t-il écrit. Il s’est également rendu dans son fief en début d’après-midi pour rencontrer les forces de l’ordre, en sa qualité d’ancien maire de Tourcoing. Le ministre de la Justice a appelé à l’instauration de peines minimales contre les agresseurs de policiers, gendarmes, pompiers et soignants. Il a dénoncé un « double scandale » : l’attaque elle-même et sa diffusion sur les réseaux sociaux avec des rires et émojis. Darmanin s’est également rendu auprès du policier roué de coups, annonçant qu’il le connaissait personnellement ce policier de la Bac, très actif localement.
Les syndicats de police ont eux aussi fait part de leur colère. Linda Kebbab (UN1TÉ) a dénoncé une agression « immonde et lâche », tandis qu’Alliance Police Nationale a parlé d’un policier « lynché, défiguré, frappé avec une brutalité inouïe », appelant à mettre fin à « l’impunité » qui, selon eux, nourrit la violence.
Matthieu Valet, ancien commissaire et désormais député européen du Rassemblement national, a fustigé des images « qui nous font honte à tous », qualifiant les trois policiers de « héros du quotidien ».
Aux côtés de Gérald Darmanin, la procureure de la République de Lille, Caroline Etienne a confirmé devant la presse que quatre mineurs âgés de 15 et 16 ans, ainsi qu’un majeur de 19 ans, sont impliqués. Elle a précisé que le mineur de 15 ans a été interpellé hier à 18h30 et qu’il a été placé en garde à vue, tandis que deux autres individus ont été interpellés ce matin, mais deux autres sont toujours recherchés activement.
Les mineurs n’étaient pas connus pour des faits judiciaires graves, mais certains avaient déjà fait l’objet de suivis en assistance éducative. Caroline Etienne a également précisé que l’enquête pourrait se poursuivre à l’étranger, dans l’hypothèse que les individus recherchés aient quitté le territoire.
Outre les violences ayant entraîné une incapacité de travail pour l’agent, l’enquête porte également sur le vol de la trottinette à l’origine de l’intervention, ainsi que sur les menaces et pressions exercées sur une jeune victime.
La procureure a insisté sur la gravité de la captation et de la diffusion de la vidéo de l’agression, qui constituent selon elle un message de provocation et de violence, destiné à être exhibé avec une certaine fierté.
L’enquête, conduite par le commissariat de Tourcoing, doit encore déterminer les circonstances exactes des faits et les responsabilités de chacun. Les qualifications retenues concernent notamment des violences aggravées, mais des circonstances supplémentaires pourraient alourdir les charges.
Sources
Le Parisien – « Tourcoing : un policier de la BAC violemment agressé par plusieurs individus » – 13 septembre 2025 – lien
La Voix du Nord – « Le policier agressé à Tourcoing témoigne » – 13 septembre 2025 – lien
