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Le siège de Google en Californie. Photo : @The Pancake of Heaven!/wikipedia

Google : plus de 11 milliards d’euros d’amendes infligées par l’Europe pour abus de position dominante

La Commission européenne a condamné Google à près de 3 milliards d’euros pour pratiques anticoncurrentielles dans la publicité en ligne. Une sanction qui s’ajoute à une série d’amendes record, portant le total des sanctions infligées au géant californien à environ 11 milliards d’euros.

La semaine avait commencé sous de bons auspices pour Google. Mardi, un juge américain lui épargnait un possible démantèlement pour abus de position monopolistique dans la recherche web, lui permettant de préserver son contrat de 20 milliards de dollars avec Apple. Mais, à peine quelques jours plus tard, la firme de Mountain View s’est retrouvée au cœur d’une nouvelle offensive judiciaire en Europe. Vendredi 5 septembre, Bruxelles a infligé à Google une amende de 2,95 milliards d’euros pour abus de position dominante dans la publicité en ligne, l’une des plus lourdes sanctions prononcées par la Commission européenne.

Le régulateur accuse le géant américain d’avoir favorisé ses propres technologies publicitaires au détriment des acteurs concurrents depuis 2014, faussant ainsi la concurrence. Outre la sanction financière, Google est désormais contraint de mettre fin à ces pratiques d’« auto-préférence » et de présenter dans les 60 jours des mesures correctives pour limiter ses conflits d’intérêts dans l’adtech.

Cette nouvelle sanction porte à près de 11 milliards d’euros le total des amendes infligées à Google par Bruxelles en moins d’une décennie. Parmi elles, figure le record absolu de 2018, lorsque l’entreprise avait écopé de 4,3 milliards d’euros (ramenés ensuite à 4,1 milliards) pour abus de position dominante via son système Android. Bruxelles avait reproché à Google d’imposer la préinstallation de ses applications de recherche et de navigation pour accéder au Play Store, verrouillant ainsi le marché des smartphones. La Cour de justice de l’Union européenne doit encore se prononcer définitivement sur ce dossier.

Un an plus tôt, en 2017, Google avait été condamné à 2,4 milliards d’euros pour avoir favorisé son comparateur de prix Google Shopping au détriment de ses concurrents comme Kelkoo ou Foundem. Le Tribunal de l’UE avait confirmé cette sanction en 2021, et la Cour de justice a rejeté en septembre 2024 le dernier recours de la firme, validant définitivement la condamnation.

En 2019, la Commission avait également sanctionné Google à hauteur de 1,49 milliard d’euros pour des pratiques anticoncurrentielles liées à sa régie publicitaire Adsense. L’entreprise avait imposé à ses partenaires des clauses restrictives entre 2006 et 2016, limitant ainsi la présence de régies concurrentes.

Au-delà des sanctions européennes, la France a également ciblé Google. L’Autorité de la concurrence a infligé en 2021 une amende de 500 millions d’euros sur les droits voisins, reprochant au groupe son manque de bonne foi dans les négociations avec les éditeurs. En juin 2021, une autre sanction de 220 millions d’euros avait été décidée pour abus dans la publicité en ligne, après déjà 150 millions d’euros en 2019. Quant à la CNIL, elle vient de frapper un grand coup : une amende record de 325 millions d’euros pour insertion de publicités non consenties dans Gmail.

Avec ce nouvel épisode, l’affrontement entre Bruxelles et les géants de la tech américaine prend une dimension de plus en plus politique. Alors que l’administration Trump continue de faire pression sur l’Union européenne pour défendre ses champions numériques, Bruxelles entend, elle, imposer sa vision d’un marché plus équilibré et régulé.

Sources :
Les Échos – Romain Gueugneau – 5 septembre 2025 – lien
Commission européenne – Communiqués officiels – lien
CNIL – Décision du 3 septembre 2025 – lien

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