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Mamadi Doumbouya. Photo : DR

Guinée-Conakry : une campagne référendaire sous haute surveillance et sans opposition

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En Guinée, la campagne pour le référendum constitutionnel du 21 septembre a commencé dans une atmosphère qualifiée d’orwellienne. Médias muselés, partis suspendus et opposition réduite au silence : un scrutin contesté avant même d’avoir lieu.

Le 31 août, la Guinée a officiellement lancé la campagne pour le référendum du 21 septembre. Plus de 6,7 millions d’électeurs sont appelés à se prononcer sur une nouvelle Constitution censée clore la période de transition ouverte depuis le coup d’État du 5 septembre 2021. Derrière l’objectif affiché d’organiser une présidentielle et de rétablir un cadre institutionnel, la réalité est toute autre. Selon de nombreux médias guinéens et ouest-africains, ce scrutin ressemble davantage à une parodie démocratique qu’à une véritable consultation populaire.

Médias réduits au silence et opposition neutralisée

À quelques semaines du vote, le régime de Mamadi Doumbouya a multiplié les restrictions. La Haute Autorité de la communication a interdit aux médias privés d’organiser des émissions interactives sur le référendum, privant ainsi la population de tout débat public. Les journalistes ne sont autorisés à relayer que les voix jugées “compatibles avec l’État”. Parallèlement, les trois principaux partis d’opposition, dont l’Union des forces démocratiques de Guinée de Cellou Dalein Diallo et le Rassemblement du peuple de Guinée de l’ancien président Alpha Condé, ont été suspendus pour une durée de 90 jours. Au total, 31 partis politiques sont désormais exclus du jeu démocratique, ce qui laisse le champ libre à la propagande officielle.

Une atmosphère jugée “orwellienne”

La presse d’opposition, à l’instar du site burkinabè Wakat Séra, décrit cette campagne comme une véritable “atmosphère orwellienne”. Les Guinéens n’ont d’autre choix que de discuter du référendum à huis clos, entre chuchotements, tandis que les rues de Conakry sont couvertes d’affiches à la gloire du chef de l’État. Pour Aujourd’hui au Faso, ce silence imposé illustre la volonté du général de verrouiller le processus et de garantir un résultat sans contestation.

Une opposition affaiblie et démobilisée

Alors que l’opposition a appelé à manifester le 5 septembre, les chances de mobilisation restent minces. Le Djely rappelle que nombre de dirigeants politiques vivent en exil et que le gouvernement a menacé de sévir contre toute tentative de “trouble à l’ordre public”. Dans ce contexte, il est peu probable que les partisans répondent massivement à l’appel. Le risque est donc de voir les électeurs s’abstenir largement, renforçant encore le caractère factice du scrutin.

Une nouvelle Constitution contestée

L’hebdomadaire satirique Le Lynx s’est penché sur le texte de la nouvelle loi fondamentale. Selon lui, certains articles relèvent d’un “problème de mathématiques vicieux” destiné à donner une légitimité chiffrée à un pouvoir présidentiel absolu. Derrière les formulations juridiques, la constante demeure la même : “100 % pour le chef de l’État”. Une analyse qui renforce le sentiment d’une manipulation institutionnelle au profit du général Doumbouya.

Inquiétudes régionales et internationales

Si la communauté internationale reste en grande partie silencieuse, la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, organe de l’Union africaine, a exprimé sa vive inquiétude. Elle considère que la suspension des partis d’opposition constitue une violation grave des libertés d’expression et de réunion. Pourtant, aucune pression diplomatique significative ne semble peser sur le régime de Conakry, qui poursuit son agenda politique en toute impunité.

Source : Courrier international

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