Vladimir Poutine et Donald Trump devraient se rencontrer dans les prochains jours, possiblement aux Émirats arabes unis. Une réunion bilatérale sous haute tension, excluant pour l’instant Volodymyr Zelensky, malgré la pression de l’Ukraine et de ses alliés européens pour participer aux discussions de paix.
L’annonce est désormais publique : Donald Trump et Vladimir Poutine devraient se retrouver en personne dans les jours à venir pour un sommet diplomatique crucial. Le lieu envisagé ? Les Émirats arabes unis. C’est en tout cas ce qu’a laissé entendre Vladimir Poutine, jeudi 7 août, lors d’une déclaration conjointe avec son hôte, le président émirati Mohammed ben Zayed, au Kremlin. « Nous avons beaucoup d’amis prêts à nous aider à organiser ce type d’événement », a affirmé le dirigeant russe, estimant qu’Abou Dabi serait « un des lieux appropriés ».
Du côté américain, la prudence reste de mise. Un responsable de la Maison Blanche, cité sous anonymat, a déclaré que le lieu de la réunion n’avait pas encore été officiellement décidé. En revanche, les préparatifs de ce sommet bilatéral ont bel et bien débuté, comme l’a confirmé Youri Ouchakov, conseiller diplomatique de Vladimir Poutine. Un accord de principe a été trouvé, à l’initiative des États-Unis, pour organiser la rencontre dans les prochains jours.
Cette réunion marquera un tournant potentiel dans le conflit ukrainien, qui s’enlise depuis plus de trois ans. Elle serait aussi la première rencontre directe entre Trump et Poutine depuis le sommet du G20 à Osaka en 2019. Leur dernière grande entrevue reste toutefois celle d’Helsinki, en 2018, qui avait suscité autant d’espoir que de controverses.
Mais une absence de taille plane sur cette nouvelle séquence diplomatique : celle du président ukrainien Volodymyr Zelensky. Moscou a catégoriquement exclu sa participation, en dépit de la volonté exprimée par Trump de rencontrer les deux dirigeants. « Je n’ai rien contre en soi », a concédé Vladimir Poutine, avant d’ajouter que « certaines conditions doivent être réunies », lesquelles sont encore, selon lui, loin d’être atteintes.
Dans le Bureau ovale, Donald Trump a tempéré la situation : « Ils aimeraient me rencontrer, et je ferai tout ce que je peux pour arrêter les tueries. » Mais cette posture, qui relègue Zelensky à l’arrière-plan, alimente l’inquiétude en Europe. Le président ukrainien a rappelé que la guerre se déroule sur le sol européen, et que l’Europe « doit participer » aux négociations de paix. Il a aussi annoncé des consultations avec Paris, Berlin et Rome afin de coordonner les positions face à la Russie.
À Kiev, les discussions s’intensifient. Zelensky s’est entretenu avec Emmanuel Macron, puis avec le chancelier allemand Friedrich Merz. L’Allemagne a rappelé que la Russie devait « mettre fin à sa guerre d’agression contraire au droit international », une ligne rouge partagée avec les autres partenaires européens. Ces efforts visent à préserver une unité stratégique face à un sommet Trump-Poutine dont les contours restent incertains.
Cette dynamique intervient alors que Donald Trump a fixé à la Russie un ultimatum expirant ce vendredi : cesser les hostilités sous peine de nouvelles sanctions économiques. Un levier que la Russie pourrait chercher à neutraliser par une opération diplomatique bien calibrée. La visite de l’envoyé spécial américain Steve Witkoff à Moscou, jugée « productive » par les deux parties, a permis d’ouvrir la voie à cette rencontre, mais sans garantie de résultats tangibles.
Sur le terrain, la guerre continue de faire rage. Au moins six civils ont été tués et 35 blessés en Ukraine ces dernières 24 heures, selon les autorités locales. En riposte, l’armée ukrainienne a ciblé une raffinerie dans la région russe de Krasnodar. Ces violences soulignent l’urgence d’un cessez-le-feu, mais aussi la complexité d’un accord que chacun interprète selon ses propres intérêts.
Enfin, l’impact économique de l’annonce du sommet ne s’est pas fait attendre. L’indice boursier russe a bondi de 4,5 %, signe que les marchés misent sur une désescalade — ou, à tout le moins, sur une accalmie tactique. Mais les analystes restent prudents : ce sommet pourrait autant ouvrir une fenêtre de dialogue que prolonger, une fois encore, le « jeu du chat et de la souris ».
Source : Le Parisien.