Au Soudan, le conflit au Darfour connaît un regain de violence d’une ampleur alarmante. L’ONG Médecins sans frontières (MSF) avertit de l’imminence d’un « bain de sang » à El-Fasher, capitale du Darfour du Nord, où environ 800 000 civils sont actuellement assiégés par les Forces de soutien rapide (FSR).
Depuis mai 2024, la ville d’El-Fasher, dernier bastion encore tenu par l’armée régulière dans la région du Darfour, est encerclée par les paramilitaires des Forces de soutien rapide. Cette zone, déjà fragilisée par plus d’un an de guerre civile entre le général Abdel Fattah Al-Burhane, chef de l’armée soudanaise, et Mohamed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », commandant des FSR, est aujourd’hui menacée d’un effondrement total selon les témoignages recueillis par Médecins sans frontières.
L’ONG, présente sur le terrain, fait état d’« atrocités de masse » perpétrées par les FSR, et dénonce des attaques ciblées contre les civils. Dans un communiqué publié jeudi 4 juillet 2025, MSF décrit un cycle de violences qui « dépasse l’entendement » et alerte sur « l’urgence absolue d’un cessez-le-feu ».
Escalade des violences et blocages humanitaires
Les combats autour d’El-Fasher ont provoqué des centaines de morts et déplacé une partie importante de la population. « Les civils sont pris au piège dans une ville assiégée, sans accès à la nourriture, à l’eau ni aux soins de base », rapporte l’organisation. L’assistance humanitaire est sévèrement entravée. MSF souligne que ses équipes éprouvent les plus grandes difficultés à accéder aux populations civiles, en raison du siège imposé et de la détérioration des conditions sécuritaires.
Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a également exprimé sa profonde préoccupation quant à la situation au Darfour, appelant toutes les parties à protéger les civils et à laisser les aides humanitaires circuler librement.
Un conflit aux conséquences régionales
Le Darfour, déjà marqué par les violences du début des années 2000, connaît aujourd’hui une recrudescence des atrocités qui menace non seulement la survie immédiate de centaines de milliers de personnes, mais aussi la stabilité régionale. Selon MSF, la ville d’El-Fasher représente un enjeu stratégique majeur dans le conflit. Sa prise par les FSR pourrait ouvrir la voie à une domination totale de la région par les paramilitaires, aggravant ainsi le spectre des violences ethniques et des déplacements de masse.
À l’échelle du pays, le conflit déclenché en avril 2023 entre les forces loyalistes du général Al-Burhane et les FSR de Hemetti a déjà provoqué une grave crise humanitaire, faisant plus de 14 000 morts et entraînant le déplacement de près de 10 millions de personnes selon les dernières estimations des Nations unies.
Face à la crise au Darfour, Médecins sans frontières exhorte la communauté internationale à agir sans délai pour éviter que « le pire ne se produise » à El-Fasher.
Cette alerte de MSF confirme que le Darfour reste l’un des foyers les plus critiques du conflit au Soudan.
Source : Le Monde