L’annonce a provoqué une onde de choc dans la communauté internationale. Le journaliste saoudien Turki Al-Jasser a été exécuté le 14 juin 2025, sur décision du tristement célèbre « tribunal spécial » du royaume. C’est la première fois, sous le règne de Mohammed ben Salmane, qu’un journaliste est mis à mort par l’État.
Turki Al-Jasser, arrêté en 2018 lors d’une vaste campagne de répression contre les voix dissidentes, avait depuis été détenu dans des conditions opaques. Selon Reporters sans frontières (RSF), son procès s’est tenu sans transparence, dans ce qui s’apparente à une disparition forcée. L’homme de presse a été condamné pour « crimes de terrorisme » et « haute trahison », selon le ministère de l’Intérieur saoudien.
Une figure du journalisme engagé
Turki Al-Jasser s’était fait connaître dans les années qui ont suivi le « printemps arabe », en publiant notamment sur Al-Tagreer, une plateforme critique qui donnait la parole à une nouvelle génération de journalistes du Golfe. Le site a été fermé par les autorités en 2015. Depuis, Turki Al-Jasser incarnait l’un des rares visages du journalisme indépendant dans une monarchie où la presse reste sous contrôle étroit.
Cette exécution survient moins de sept ans après l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, tué en octobre 2018 dans le consulat saoudien à Istanbul. À l’époque, cette affaire avait valu au prince héritier Mohammed ben Salmane une vague de condamnations internationales.
Un climat de répression toujours plus dur
Selon RSF, Turki Al-Jasser est le deuxième journaliste exécuté dans le monde depuis 2020, après l’Iranien Rouhollah Zam. L’organisation dénonce un climat de terreur croissant pour les journalistes au Moyen-Orient, en particulier dans les régimes autoritaires comme l’Arabie saoudite.
Cette nouvelle exécution relance le débat sur la nature du pouvoir saoudien sous MBS. Derrière les réformes économiques spectaculaires, le pays reste l’un des plus brutaux au monde en matière de libertés fondamentales.
Source : Courrier international.