Arrivé en France à 14 ans, Kéletigui Sylla, dit Kélé, est aujourd’hui sous le coup d’une nouvelle Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) émise le 16 avril 2025, malgré l’annulation d’une précédente mesure par la justice et un avis favorable à sa régularisation. Un acharnement dénoncé avec force par le Collectif de Soutien à Kélé et le Collectif Jeunes RESF 69 alors que l’audience pour le recours contre sa dernière OQTF est prévue le 24 juin prochain au Tribunal Administratif de Lyon.
Déjà frappé d’une OQTF en mars 2024, annulée en décembre par le tribunal administratif, Kélé fait aujourd’hui face à une nouvelle mesure d’éloignement, accompagnée d’une interdiction de retour de deux ans et d’un pointage hebdomadaire à la Police aux Frontières. Pourtant, la première procédure est toujours en cours suite à l’appel de la Préfecture du Rhône. Les collectifs dénoncent un copier-coller administratif de la part de la collectivité et une volonté manifeste de « faire un exemple » dans un climat de durcissement migratoire.
« Kélé doit pouvoir exercer son droit au recours en dehors de toute pression », affirment les associations, en référence aux risques d’assignation à résidence ou de rétention en centre fermé dans les prochaines semaines.
Une intégration exemplaire balayée par la préfecture
La Commission du titre de séjour avait pourtant salué en février 2025 l’intégration « exemplaire » de Kélé, soulignant sa « parfaite maîtrise de la langue française » et son implication dans « l’animation socio-culturelle ». Elle a rendu un avis favorable à sa régularisation, au titre de l’« admission exceptionnelle au séjour ».
Mais ces recommandations, tout comme la lettre ouverte signée par 23 organisations et le soutien d’élu·es locaux·ales, restent lettres mortes aux yeux de la préfecture. Une posture que les collectifs qualifient d’idéologique et déconnectée de la réalité humaine du dossier.
Un parcours de vie marqué par la résilience
L’histoire de Kélé, telle que nous la relations déjà en avril 2024, illustre un combat de chaque instant contre les méandres de l’administration. Originaire de Guinée Conakry, il a fui son pays seul à l’âge de 14 ans, débarquant à la gare Part-Dieu de Lyon en 2014. D’abord sans papiers ni repères, il a été pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance, puis formé en mécanique dans une école de production du 9e arrondissement.
Mais son parcours a été terni par l’utilisation d’un faux passeport — un acte posé à son arrivée et pour lequel il a purgé une courte peine de prison. Malgré une décision judiciaire reconnaissant qu’il était mineur au moment des faits, la préfecture a multiplié les recours, jusqu’au Conseil d’État.
Depuis, Kélé vit dans un engrenage kafkaïen, multipliant les démarches, les preuves, les audiences. En mars 2024, il a reçu sa première OQTF avec interdiction de retour, désormais suivie d’une seconde procédure, dans un enchaînement qu’il qualifie lui-même de « cercle vicieux ».
« Ne laissons pas la préfecture faire du zèle »
Pour ses soutiens, la préfecture franchit un cap en intensifiant la pression contre un jeune reconnu pour son sérieux, sa stabilité et son engagement. Ils appellent à une mobilisation citoyenne pour empêcher une mise en rétention ou une expulsion imminente.
Le 24 mai 2024, 300 personnes s’étaient rassemblées à l’Espace citoyen de la mairie du 8ème arrondissement de Lyon pour une soirée de soutien Kélé, un évènement orchestré par le Collectif de Soutien à Kélé et le Collectif Jeunes RESF-69, avec l’appui de la LDH Lyon Confluences et de la CUM et la mobilisation ne tarie pas.
Le Collectif de Soutien à Kélé et le Collectif Jeunes et RESF69 appelent à une forte mobilisation pour son audience qui aura lieu le 24 juin à 14h au Tribunal Administratif de Lyon dasn le 3e arrondissement afin de ne pas laisser « la préfecture faire du zèle en l’assignant à résidence ou en l’enfermant en CRA durant les prochaines semainesLe Collectif de Soutien à Kélé et le Collectif Jeunes et RESF69 appellent à une forte mobilisation pour son audience qui aura lieu le 24 juin à 14h au Tribunal Administratif de Lyon dasn le 3e arrondissement afin de ne pas laisser « la préfecture faire du zèle en l’assignant à résidence ou en l’enfermant en CRA durant les prochaines semaines ». « Continuons de demander sa régularisation ! »