Alors que les émeutes se multiplient à Los Angeles, Donald Trump menace d’activer l’Insurrection Act, un texte de loi vieux de plus de deux siècles permettant au président des États-Unis de déployer l’armée sur le sol national. Une mesure rarissime, aux implications politiques et juridiques majeures.
L’Insurrection Act, promulgué en 1807, autorise le président à mobiliser les forces armées américaines en cas d’insurrection, de violence domestique, ou d’obstruction illégale à l’application des lois fédérales. L’appréciation du contexte est laissée à la discrétion du chef de l’État, qui peut agir de sa propre initiative ou à la demande d’un gouverneur. La loi stipule également qu’une proclamation officielle doit appeler les insurgés à se disperser « pacifiquement et immédiatement ».
Historiquement, cette législation a été invoquée avec parcimonie : 30 fois en 218 ans. Parmi les cas notables figurent la répression d’une révolte d’esclaves en 1831, la lutte contre le Ku Klux Klan en 1871, et l’envoi de troupes pour protéger les élèves afro-américains de Little Rock en 1957.
Trump prêt à passer à l’acte ?
Le président Trump, déjà prompt à mobiliser des réservistes et des unités de marines, envisage désormais une montée en puissance face aux violences urbaines qui secouent Los Angeles. Selon CNN, le président aurait consulté ses conseillers à ce sujet, sans avoir encore pris de décision formelle.
Mais sa rhétorique laisse peu de place au doute. En qualifiant les manifestants d’« agitateurs », de « foules institutionnelles » et d’« insurgés », Trump construit méthodiquement le cadre juridique pour invoquer l’Insurrection Act — sans nécessairement requérir l’accord du gouverneur de Californie, Gavin Newsom. Si cette activation unilatérale avait lieu, ce serait une première depuis les années 1960.
Une menace déjà brandie en 2020
Ce n’est pas la première fois que Donald Trump évoque cette loi. En 2020, lors des émeutes suivant la mort de George Floyd, il avait déjà menacé d’y recourir. À l’époque, il avait reculé, face à la pression politique et médiatique. Mais la situation actuelle à Los Angeles, où les manifestations dégénèrent régulièrement, pourrait le pousser à franchir le pas.
Une référence historique : Los Angeles, 1992
L’un des précédents les plus marquants de l’activation de cette loi remonte à 1992, déjà à Los Angeles, après l’acquittement des policiers responsables du passage à tabac de Rodney King. Le président George H. W. Bush avait alors invoqué l’Insurrection Act, à la demande du gouverneur, pour rétablir l’ordre. Trois jours plus tard, les violences prenaient fin.
Un choix explosif sur le plan politique
Recourir à l’Insurrection Act sans concertation avec les autorités locales constituerait un tournant autoritaire dans la gouvernance fédérale. Une telle décision renforcerait l’image de Donald Trump en homme fort face au chaos, mais alimenterait également les accusations de dérive autoritaire, surtout dans un contexte de fortes tensions raciales et sociales. Des rumeurs de coup d’Etat commencent d’ailleurs à circuler sur les réseaux sociaux américains.
Source : Le Point.