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François Burgat. Photo : @Ghaylam

Liberté d’expression : la relaxe de François Burgat marque un tournant

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L’islamologue François Burgat, ancien directeur de recherches au CNRS, a été relaxé des accusations d’apologie du terrorisme portées contre lui après une année de tumultes judiciaires. Le 28 mai a marqué la fin de cette affaire, épilogue à un procès médiatisé qui s’était tenu en avril. Lors de ce procès, huit mois de prison avec sursis et deux ans d’inéligibilité avaient été requis à son encontre pour des messages postés sur les réseaux sociaux.

L’affaire remonte à des messages posté sur les réseaux sociaux en janvier 2024 qui avaient suscité la controverse. Burgat avait notament retweet un communiqué du Hamas après la publication d’un article du New York Times sur les viols et les violences sexuelles commis lors des attaques du 7-Octobre, dénonçant une « tentative sioniste de diaboliser la résistance ». « Nos combattants sont des combattants de la liberté et de la dignité », pouvait-on aussi lire dans ce long texte.

L’anthropologue et chercheuse au CNRS, Florence Bergeaud-Blackler, avait dénoncé avec virulence ce retweet de François Burgat. « J’ai infiniment, je dis bien infiniment, plus de respect et de considération pour les dirigeants du Hamas que pour ceux de l’Etat d’Israël », avait-il répondu.

Les autorités judiciaires avaient estimé que les publications de François Burgat pouvaient être interprétées comme une apologie du terrorisme. Ces messages, selon l’accusation, soutenaient indirectement des actes terroristes, une interprétation vivement contestée par l’islamologue et ses défenseurs qui voyaient dans ses propos une réflexion sur des enjeux géopolitiques complexes.

Intérogé par la présidente du tribunal, Sarah Chaib qui lui demandait s’il pensait que « le Hamas est un mouvement terroriste, ou pas ? », François Burgat a répondu qu’il n’a « jamais félicité (…) le Hamas (…) pour pour le 7-Octobre (…) qui, ce jour-là, a commis des actes qui peuvent être labellisés terroristes ; mais il ne faut pas extrapoler à toute son histoire ».

Le verdict de relaxe est perçu par les soutiens de François Burgat comme une reconnaissance de l’importance du débat d’idées et de la liberté d’expression dans une société démocratique. Un des deux avocats de François Burgat, Rafik Chekkat, s’est félicité de cette « victoire » dans un message posté sur X, espérant que « cette relaxe en appelle d’autres ».

Cette décision vient soulager ceux qui craignaient une dérive de la judiciarisation du discours académique et intellectuel. Pour d’autres, elle souligne la nécessité de mieux définir les contours de l’apologie du terrorisme, un concept juridiquement délicat à manier.

Source : Le Monde.

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