La guerre en Ukraine révèle aussi des fractures internes. Le 16 mai 2025, le commandant Oleksandr Shyrshyn, à la tête de la 47e brigade mécanisée dite « Magura », a publié un message-choc sur Facebook annonçant sa démission, dénonçant des « missions débiles » et une chaîne de commandement « incompétente ». Cinq jours plus tard, il a précisé ses motivations dans une seconde publication tout aussi virulente, soulignant le caractère systémique des dysfonctionnements de l’armée ukrainienne.
« Je n’ai jamais reçu de missions aussi stupides », déclarait Shyrshyn dans sa première publication. Il y accusait ses supérieurs de décisions tactiques absurdes menant à des pertes humaines évitables. La 47e brigade, créée en 2022 et entraînée par des pays de l’OTAN, est l’une des unités les plus modernes de l’armée ukrainienne. Pourtant, selon lui, elle a été envoyée dans des zones où les ordres relevaient de l’absurde : « trembler face à un état-major incompétent… cela ne mène qu’à l’échec », écrivait-il.
Il dénonçait aussi une gestion « politisée », « déconnectée du terrain », ponctuée de « jeux politiques inacceptables » et d’ordres contraires à toute logique militaire.
Une seconde déclaration pour clarifier sa position
Le 21 mai, Shyrshyn a publié un second message pour répondre à la vague de soutien et clarifier ses intentions :
« Je ne m’attendais pas à une telle résonance, mais apparemment la demande de solution de ces problèmes est énorme. »
Il explique avoir plusieurs fois tenté, en vain, d’alerter ses supérieurs sur la nature irréaliste et dangereuse des ordres reçus dans les zones de Kurshchina et à la frontière ukraino-russe. Il précise que ses alertes ont été ignorées à presque tous les niveaux, sauf par le commandement de la 117e brigade.
Shyrshyn réfute les accusations de trahison ou de déloyauté :
« Je n’ai jamais demandé la démission du chef de la Commission. Nos problèmes sont systémiques. »
Il insiste sur le fait qu’il n’a jamais appelé à l’arrêt des combats, mais à une guerre mieux menée :
« Il faut détruire l’ennemi, et marcher sur lui. Sinon les guerres ne sont pas gagnées. »
Hommage à ses hommes et dénonciation du mépris de la vie humaine
Dans une longue évocation de ses soldats, Shyrshyn rend hommage à leur bravoure, leur résistance, et leur fidélité aux ordres malgré les conditions :
« Ma brave infanterie a rongé notre sol ukrainien, battant l’ennemi […] les dents arrachées, ils ont continué à se battre. »
Mais il déplore aussi un traitement indigne des troupes par l’état-major, parlant d’un mépris de la vie humaineassimilée à de simples chiffres :
« La vie des gens est arrangée comme de l’argent supplémentaire sur le gulyankah. »
C’est cette déconnexion et cette inefficacité qu’il dit avoir voulu dénoncer publiquement, tout en précisant que aucun de ses soldats n’a déserté, et que son unité reste opérationnelle.
Enquête ouverte et premiers signes de dialogue
Face à la gravité de ces accusations, l’armée ukrainienne a annoncé, dès le 18 mai, l’ouverture d’une enquête interne. Un groupe de travail a été mis en place pour analyser les ordres contestés. Selon Shyrshyn, des tentatives de dialogue ont commencé :
« Il y a des tentatives de communication depuis l’état-major. J’espère une conversation constructive. »
Source : Paris Match.