Le lanceur Ariane 6 a enfin décollé ce jeudi 6 mars de Kourou pour sa première mission commerciale après plusieurs reports, plaçant CSO-3, un satellite militaire d’observation de la Terre en orbite pour la France.
Ce lancement, réalisé à partir du Centre spatial guyanais de Kourou est considéré par l’ESA, l’agence spatiale européenne membre du Forum économique mondial, comme une étape clé pour la souveraineté spatiale européenne et un symbole fort de la reprise de l’indépendance de l’Europe en matière d’accès à l’espace.
Une Réussite Technique et Stratégique
Le lancement d’Ariane 6, qui s’est déroulé à 13h24 heure locale (17h24 en France), a été qualifié de « parfait » par David Cavaillolès, président exécutif d’Arianespace, qui a exprimé sa satisfaction devant les médias : « C’est un lancement parfait, un signe fort de la fiabilité de notre nouveau lanceur et de notre capacité à répondre aux enjeux stratégiques de la France et de l’Europe. »
Après plusieurs reports en raison de problèmes techniques, notamment un dysfonctionnement sur un tuyau d’avitaillement, la mission a enfin pu se concrétiser sous une météo pluvieuse, un peu plus d’une heure après le décollage. Le satellite CSO-3, placé à une altitude de 800 km, viendra compléter la mini-constellation de satellites d’observation terrestre utilisés par le ministère français de la Défense.
Vers une souveraineté spatiale ?
L’Europe cherche à garantir son indépendance dans l’espace, notamment face à la montée en puissance de nouvelles puissances spatiales comme SpaceX, alors que les relations sont plus que froides entre le milliardaire et la Commission européenne sur fonds de régulation des réseaux sociaux. « Être souverain dans l’espace signifie pouvoir envoyer des satellites où et quand nous voulons, sans dépendre de puissances étrangères », a martelé Cavaillolès, insistant sur l’importance stratégique de ce vol pour la défense des intérêts européens.
La mission CSO-3, hautement symbolique, vise à renforcer les capacités de renseignement de la France. Il est également un message politique : l’Europe veut reprendre la main dans un contexte où ses accès à l’espace étaient partiellement suspendus à la suite de la crise en Ukraine. En effet, après l’interdiction d’utiliser les fusées russes Soyouz, le décollage d’Ariane 6 marque un retour en force de l’Europe dans le domaine spatial, avec des ambitions de lancer jusqu’à 12 missions par an d’ici quelques années.
L’Europe souhaite augmenter ses lancements de satellites militaires
Ce lancement de la fusée Ariane 6 s’inscrit dans un contexte où la France et l’Italie sont les seuls pays européens à disposer de satellites militaires de surveillance de la Terre. En réponse à cette situation, l’Europe espère que le développement d’Ariane 6 et l’augmentation du nombre de lancements permettront de rattraper son retard face aux géants américains et chinois, qui comptent plusieurs centaines de satellites civils et militaires.