Dans une tournure dramatique des événements liés aux manifestations agricoles en France, le préfet de l’Ariège, Simon Bertoux, a annoncé la levée d’un barrage routier à la suite du décès tragique d’une agricultrice. L’accident, survenu tôt dans la matinée du 23 janvier, a également entraîné des blessures à deux membres de sa famille. En réaction à cet accident, le préfet a déclaré lors d’une conférence de presse : « Il n’y aura plus de barrages en Ariège ».
Un accident dramatique s’est produit à l’aube mardi sur un barrage routier érigé par des agriculteurs dans l’Ariège, faisant un mort et deux blessés graves.
Après avoir délibérément franchi les obstacles dressés par les manifestants sur la route, le véhicule a heurté, en pleine nuit et à une vitesse encore inconnue, un mur de bottes de paille enveloppé d’une bâche noire, construit jusqu’à la hauteur du pont.
Selon l’Agence France-Presse, une agricultrice a été tuée et son mari et sa fille, une adolescente de 14 ans ont été gravement blessés.
La victime âgée d’une trentaine d’année élevait des vaches de race limousine et cultivait du maïs semence à Saint-Félix-de-Tournegat, un village situé non loin de Pamiers.
Les trois occupants du véhicule, impliqué dans l’accident ont été arrêtés et placés en garde à vue, d’après une source policière. Les trois personnes, un couple et leur amie, sont toutes de nationalité arménienne et inconnus de la justice. Selon certaines rumeurs, elles auraient tenté de fuir.
La préfecture de l’Ariège a confirmé dans un communiqué le décès d’une personne et deux blessures graves suite à cet « accident de la circulation » survenu vers 5h45 sur le pont de la RD 119 à Pamiers, sur les lieux de la manifestation agricole. Elle précise que « le préfet s’est rendu sur le lieux de l’accident ». « 35 sapeurs pompiers, 13 policiers et 20 gendarmes sont mobilisés et un cod est activé en préfecture , une cellule de soutien psychologique est mise en place sur le terrain. »
La Préfecture de l’Ariège demande également « de ne pas relayer les rumeurs qui pourraient circuler ».
« Quand la voiture s’est engagée sur la 2X2 voies, elle avait franchi sciemment un dispositif de barrage d’accès, avec une signalisation visuelle très bien matérialisée, il n’y avait aucun doute que la voie était fermée« , a déclaré le Préfet de l’Ariège.
Selon lui, le dispositif mis en place pour la manifestation, qui avait été dûment déclarée à la préfecture, répondait à toutes les normes de sécurité requises pour assurer la protection des personnes.
Le vice-président de la Fdsea d’Ariège, Sébastien Durand, a confié à France 3, que la voiture est passée « à une vitesse folle, sur les bas-côtés en évitant les plots de béton ».
Le ministère de l’agriculture a fait savoir que « le ministre et son équipe [étaient]en lien étroit avec la préfecture de l’Ariège pour connaître les circonstances exactes de l’accident ».
« Dans le cadre d’une action syndicale pour défendre sa profession et exprimer ses attentes, une jeune agricultrice est décédée tôt ce matin en Ariège. Je pense à elle, je pense à son conjoint et à sa fille, qui luttent encore pour leur vie. C’est un drame pour nous tous », a réagi, le ministre de l’agriculture Marc Fesneau sur X.
« Aujourd’hui, tous nos agriculteurs sont en deuil. Notre nation est bouleversée et solidaire. Au nom du gouvernement, je veux dire ma peine et adresser mon plein soutien à la famille et aux proches des victimes », a quant à lui déclaré le Premier ministre et Young Global Leader du Forum économique mondial, , Gabriel Attal. « Etre agriculteur, c’est travailler sans relâche. C’est travailler pour nous, pour les Français. Nous sommes et resterons à leur côté », a-t-il ajouté, annonçant le déplacement du ministre de l’agriculture « sur place aujourd’hui ».
Lors d’une conférence de presse, la présidente des députés LFI, Mathilde Panot a dit l’« émotion » de son groupe « face à ce drame ». « Il est inacceptable dans un pays comme le nôtre qu’une personne meure parce qu’elle se bat pour pouvoir juste vivre dignement de son travail. »
Le député communiste de Seine-Maritime, Sébastien Jumel, a quant à lui déclaré que « Si le gouvernement ne mesure pas l’épaisseur de la colère, il risque d’atteindre un point de bascule irréversible ».
Sur Europe 1, le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, a appelle à la « convergence des colères ». « Si le gouvernement s’entête à augmenter les taxes pour les Français, alors il faudra le faire tomber en votant la motion de censure ! »
Le président du groupe des députés de la gauche démocrate et républicaine (GDR), André Chassaigne, a demandé qu’une minute de silence soit observée dans l’après-midi à l’Assemblée nationale, en hommage à l’agricultrice tuée.
Le procureur de Foix, Olivier Mouysset, a annoncé l’ouverture d’une enquête judiciaire pour « homicide involontaire aggravé et blessures aggravées ». Dans son communiqué, il a précisé que les trois occupants du véhicule impliqué ont été placés en garde à vue et seront interrogés sous peu, tout en soulignant que les investigations se poursuivent pour éclaircir les circonstances précises de l’accident.
Selon les premières informations recueillies, le tribunal indique que l’acte ne semble pas avoir été intentionnel. Le procureur a détaillé que la voiture, roulant « à grande vitesse » sur une double voie et dans l’obscurité sans éclairage public, a heurté un mur de bottes de paille.