Le ministre de l’Économie, Eric Lombard, a confirmé ce mercredi 4 juin la suspension temporaire de MaPrimeRénov’, l’aide phare du gouvernement pour la rénovation énergétique des logements. Un gel provoqué par un encombrement administratif et une hausse inquiétante des fraudes, mais qui ne remettrait pas en cause la pérennité du dispositif, que le gouvernement souhaite relancer avant fin 2025.

Auditionné au Sénat lors des questions au gouvernement, Eric Lombard a expliqué que « le système est actuellement engorgé » et fait face à un excès de fraudes : « 16 000 dossiers suspicieux » représentant 12 % du stock, selon le ministre. Il a précisé que le blocage ne relevait pas d’un motif budgétaire, malgré les contraintes pesant sur les finances publiques.

« Il ne s’agit pas de faire une économie en cachette », a-t-il assuré, rappelant que 1,3 milliard d’euros ont déjà été dépensés sur les 3,6 milliards budgétés pour 2025, tandis que les rénovations subventionnées ont triplé depuis le début de l’année.

Des fraudes en forte hausse malgré les contrôles

Selon les données communiquées par le ministère, 229 millions d’euros de fraude ont été évités en 2024 grâce à des contrôles renforcés. Mais 50 millions d’euros de fraude suspectée persistent, dont 10 millions de fraude subie font encore l’objet de litiges.

Le gouvernement pointe également l’instabilité des règles, qui favoriserait l’adaptation des fraudeurs, ainsi qu’une hausse des coûts de rénovation depuis fin 2024 jugée « sans lien avec l’inflation ».

Les dossiers en cours continueront d’être traités

Alors que la date exacte de suspension n’a pas été confirmée, des sources proches du gouvernement évoquent le mois de juillet. Le ministère du Logement a toutefois précisé que les dossiers complets et validés seront instruits et payés normalement, évitant ainsi un blocage brutal pour les particuliers et artisans engagés dans des travaux.

Auditionnée le 21 mai à l’Assemblée nationale, Valérie Létard, ministre du Logement, a évoqué des mesures de refroidissement à venir : baisse possible des plafonds de travaux, recentrage sur les logements les plus énergivores (étiquettes E, F, G), ou fin du bonus pour la sortie de passoires thermiques.

Un signal d’alerte pour un dispositif central de la transition énergétique

La suspension de MaPrimeRénov’ envoie un signal de tension dans le secteur de la rénovation énergétique, pourtant considéré comme un pilier de la transition écologique et de la réduction des émissions de gaz à effet de serre en France.