Le Bangladesh, pays marqué par une transition politique tumultueuse, se trouve aujourd’hui à un carrefour incertain. Neuf mois après la prise de pouvoir de Muhammad Yunus à la tête d’un gouvernement intérimaire, suite au renversement de Sheik Hasina, la stabilité semble s’éloigner, laissant place à une période de tensions et d’instabilité profonde. La scène politique, jusque-là marquée par des affrontements récurrents, s’enlise dans un climat de chaos qui menace l’avenir du pays.
Le 30 septembre 2024, Muhammad Yunus, figure emblématique de la scène économique et sociale du Bangladesh, a été investi à la tête d’un gouvernement provisoire. Son accession au pouvoir intervient après une révolution populaire qui a renversé le régime de Sheik Hasina, au pouvoir depuis plus de dix ans. Cependant, cette transition, censée apporter un souffle nouveau, s’est rapidement révélée fragile. Les dissensions entre les différentes factions politiques, notamment entre les partisans de Yunus et ceux de l’ancien régime, ont alimenté un climat de méfiance et de confrontation. La légitimité même de ce gouvernement intérimaire est remise en question, alimentant un sentiment d’incertitude qui gagne la population.
Les tensions entre l’armée et les acteurs politiques
L’armée, traditionnellement garante de la stabilité au Bangladesh, joue un rôle central dans cette crise. Si elle a soutenu la prise de pouvoir de Yunus, elle reste vigilante face aux risques de déstabilisation. Des sources proches du pouvoir évoquent des frictions croissantes entre les militaires et les dirigeants civils, notamment en raison de divergences sur la gestion des crises économiques et sociales. La crainte d’un conflit ouvert ou d’un coup d’État militaire plane, renforçant le sentiment d’un pays à la dérive. La situation est d’autant plus préoccupante que la population, fatiguée par des années de tensions, manifeste un désenchantement profond face à l’incertitude qui s’installe.
Les défis économiques et sociaux
Sur le plan économique, le Bangladesh fait face à une crise aiguë. La croissance ralentit, les investissements étrangers se font plus rares, et le chômage augmente. La pandémie de COVID-19 a laissé des cicatrices profondes, aggravant la pauvreté et accentuant les inégalités. La gestion de cette crise économique devient un enjeu crucial pour le gouvernement intérimaire, dont la légitimité est contestée. La population, quant à elle, subit de plein fouet cette instabilité, craignant pour l’avenir de leurs familles et leur sécurité. La situation sociale se tend, avec des mouvements de protestation qui se multiplient dans plusieurs régions du pays.
Source : Courrier International.