Alors que les tensions politiques et sociales battent leur plein, François Bayrou, Premier ministre, convie ce jeudi 19 décembre les forces politiques à Matignon pour des discussions stratégiques. Cet échange, qui exclut La France insoumise (LFI) et le Rassemblement national (RN), s’inscrit dans un contexte où les menaces de censure et les défis budgétaires s’accumulent. Cette exclusion place d’emblée le futur gouvernement de Bayrou sous la menace d’une censure.
François Bayrou a adressé une invitation aux présidents des assemblées, Yaël Braun-Pivet (Assemblée nationale) et Gérard Larcher (Sénat), ainsi qu’aux présidents de partis et groupes parlementaires ayant gouverné sous la Ve République. En excluant LFI et RN, il assume un choix clivant alors que la crise à Mayotte et la situation en Nouvelle-Calédonie occupent le devant de la scène politique.
Dans sa lettre, Bayrou a insisté sur ces « responsabilités inédites » imposées par des « catastrophes sans précédent », tout en cherchant à renforcer une unité nationale fragilisée. Pourtant, des divergences émergent, notamment avec Les Républicains (LR), qui restent réticents à rejoindre une éventuelle coalition.
Pressions et menaces de censure
Les enjeux budgétaires constituent l’autre épine du mandat de François Bayrou. Si une « loi spéciale » permet temporairement à l’état de prélever l’impôt et d’emprunter, l’adoption du budget 2025 reste une priorité absolue.
Le ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau, représentant LR, a exprimé son scepticisme quant à la direction prise par le gouvernement. « Ce serait un comble que le gouvernement tire à gauche alors que la France, elle, est à droite », a-t-il déclaré. De leur côté, le RN et les communistes ont également prévenu que toute répétition des erreurs du précédent gouvernement conduirait à une motion de censure.
La nomination de Xavier Bertrand serait vu comme un casus belli par le RN qui pourrait de nouveau censurer le gouvernement.
Une course contre la montre
François Bayrou devra présenter son gouvernement dans les jours à venir, mais l’absence du président Emmanuel Macron jusqu’à dimanche complique le calendrier. En attendant, le Premier ministre poursuit ses consultations, espérant rallier un consensus à temps pour éviter une crise majeure dès janvier, lors de la déclaration de politique générale.
Toutefois, en boycottant deux des principales forces du pays, représentant jusqu’à 22 millions de Français, le premier ministre prend le risque de rapidement se faire censurer. La France donnerait alors encore plus l’impression de ne plus être gouverner, ce qui est peut-être le but, après tout.
Sources : AFP, France 24.
