À l’approche des élections européennes et alors qu’un rapport sensible sur les Frères musulmans anime les sphères politiques et médiatiques, Gabriel Attal a relancé le débat sur le port du voile en proposant, mardi 20 mai, son interdiction dans l’espace public pour les mineures de moins de 15 ans. Une sortie politique qui a immédiatement fait réagir Jordan Bardella.
Le président du Rassemblement national a accusé Gabriel Attal d’un « revirement à 180 degrés », en diffusant sur le réseau X une séquence d’avril 2022 dans laquelle le macroniste critiquait les propositions de Marine Le Pen sur le voile. À l’époque, en pleine campagne présidentielle, Attal dénonçait l’idée que « la priorité [de Le Pen] serait de faire courir la police après des femmes voilées pour les verbaliser ».
Un débat réactivé sur fond de sécurité et de cohésion nationale
L’argument avancé aujourd’hui par Gabriel Attal repose sur la question du consentement. Lors de son intervention à l’Assemblée nationale ce mercredi, il a précisé :
« Une femme qui décide de porter librement le voile, c’est sa décision. Mais quelle est la liberté d’une fillette de 5 ou 6 ans ? On ne va pas dire qu’elle prend cette décision de façon libre et éclairée. »
Cette proposition intervient alors qu’un rapport officiel sur l’islamisme en France évoque la présence croissante de fillettes voilées, notamment dans des structures de loisirs comme en Nièvre. Bien que ce phénomène ne soit pas qualifié d’endémique, il est désormais « bien présent sur le territoire », alertent les auteurs du rapport.
Un cadre juridique déjà partiellement établi
Si aucune loi ne fixe aujourd’hui d’âge minimal pour porter le voile dans l’espace public, la législation française encadre déjà son port dans les établissements scolaires depuis 2004. La loi interdit en effet « le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse » dans les écoles, collèges et lycées publics.
Gabriel Attal, alors ministre de l’Éducation nationale, avait déjà pris position à la rentrée 2023 en interdisant le port de l’abaya, jugée contraire à la neutralité scolaire.
Bataille politique sur fond de stratégie électorale
Cette prise de position s’inscrit dans un contexte tendu, où les questions de laïcité, d’identité et de sécurité reviennent régulièrement dans le débat public. Si Gabriel Attal assure ne pas confondre islam et islamisme, le Rassemblement national y voit un changement de posture opportuniste.
Reste à savoir si cette proposition débouchera sur un projet de loi, ou s’il s’agit d’une posture symbolique dans une séquence politique où les signaux envoyés à l’électorat comptent tout autant que les réformes concrètes.
Source : BFMTV.