Dans un discours offensif prononcé au forum de défense Shangri-La Dialogue , Emmanuel Macron a appelé ce vendredi 30 mai à la formation d’une « coalition des indépendants » regroupant les pays européens et d’Asie du Sud-Est. Une tentative assumée de tracer une « troisième voie » entre l’hégémonie américaine et la puissance montante chinoise.
Invité pour la première fois à prononcer le discours d’ouverture de ce sommet stratégique, le président français s’est livré à une critique virulente des « caprices » des grandes puissances, les États-Unis et la Chine. Il a plaidé pour un partenariat équitable, fondé sur le respect du droit international et la défense des biens communs comme le climat et la liberté de navigation.
Une posture « gaullienne » revendiquée
« Nous ne voulons ni la soumission ni la confrontation. Nous voulons la souveraineté et le respect », a lancé Emmanuel Macron. Il appelle à fédérer les pays réticents à s’aligner sur Washington ou Pékin. Une ligne qu’il défend depuis 2018 à travers la stratégie indo-pacifique française, aujourd’hui prolongée par une tournée régionale marquée par des escales au Vietnam et en Indonésie.
Le chef de l’État français assume une diplomatie plus directe. Son entourage évoque une accélération des rapports de force mondiaux nécessitant des réponses « cash ». Le ministre de la Défense, Sébastien Lecornu, appuie cette lecture : « La question est de savoir si les Européens veulent encore écrire l’histoire. »
Tensions croissantes avec Pékin et Washington
Emmanuel Macron n’a pas hésité à critiquer la guerre commerciale relancée par Donald Trump, tout en s’inquiétant de la posture expansionniste de Xi Jinping en mer de Chine méridionale et à Taïwan. Il a souligné le risque d’une guerre par procuration ou d’un engrenage mondial : « Si nous abandonnons l’Ukraine, que dirons-nous lorsque Taïwan sera menacée ? »
Dans la salle, Pete Hegseth, secrétaire américain à la Défense, a accueilli froidement les propos du président français. Le lendemain, il a tenu un discours musclé affirmant que les États-Unis « restent » en Indo-Pacifique pour dissuader « l’agression de la Chine communiste ».
Le Proche-Orient et Gaza évoqués
Enfin, Emmanuel Macron a étendu son plaidoyer aux autres conflits : il a mis en garde contre l’abandon de Gaza, dénonçant les doubles standards des pays occidentaux qui critiquent la Russie mais restent silencieux sur les actions d’Israël. Il alerte sur le risque de perdre « toute crédibilité à l’égard du reste du monde ».
Source : Le Monde.