La chaîne d’information CNews, appartenant au groupe Bolloré, a été auditionnée ce lundi 15 juillet par l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) pour le renouvellement de sa fréquence TNT. Cette audition survient à un moment critique, alors que les chaînes du groupe semblent dans le collimateur de l’autorité de régulation. Malgré sa position de première chaîne d’information en France, l’avenir de CNews et des autres chaines de Vincent Bolloré sur la TNT est incertain.
Pendant une heure et demie, l’état-major du groupe Bolloré représenté par Maxime Saada, président du directoire du groupe Canal+, Gérald-Brice Viret, PDG de Canal+ France, et Serge Nedjar, PDG de CNews, a défendu la chaîne en insistant sur le respect des réglementations en vigueur. Maxime Saada a exprimé son inquiétude face à un éventuel non-renouvellement des fréquences, affirmant que cela remettrait en question le modèle généraliste de Canal+.
La chaîne C8 et ses défis
La chaîne C8, connue pour son émission « Touche Pas à Mon Poste! » présentée par Cyril Hanouna, a souvent été sanctionnée par l’Arcom, avec un montant record de 7,5 millions d’euros d’amendes. C8 s’est engagée à diffuser cette émission avec un décalage pouvant aller jusqu’à 45 minutes afin d’éviter de nouveaux incidents.
Engagements et promesses de CNews
Les dirigeants de CNews ont reconnu « quelques dérapages » et promis des mesures correctives. Thomas Bauder, directeur de l’information, a annoncé un renforcement du système de vérification des informations, tandis que Serge Nedjar a évoqué le renforcement des services politiques et la rénovation des experts présents sur les plateaux.
Les cadres de CNews ont rappelé que la chaine respecte le temps de parole et fournit les comptages en temps et en heure, comme cela avait déjà été affirmé en mars devant les députés de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale.
Le passage devant la commission parlementaire au mois de février dernier
Le 29 février dernier, des cadres de CNews, y compris des présentateurs de renom tels que Pascal Praud, Laurence Ferrari, Christine Kelly, ou Sonia Mabrouk, ainsi que le directeur de l’information, Thomas Bauder, avaient déjà été interrogés par une commission d’enquête à l’Assemblée nationale française, menée par le député Renaissance, Quentin Bataillon, auteur d’un rapport sur l’audiovisuel public qui préconisait notamment de renforcer les cellules fast-cheking de France Télévision et son rapporteur, l’insoumis Aurélien Saintoul. Rachida Dati, ministre de la Culture, proche du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Nicolas Sarkozy et nommée par le contributeur du FEM, Emmanuel Macron, avait été appelée à témoigner.
Bataillon n’a pas manqué de rappeler dans un communiqué publié avant l’audition que cette commission qui mettait «particulièrement sous les projecteurs CNews, ainsi que Canal+, C8, et CStar, dans le cadre de l’examen de leurs pratiques journalistiques et éditoriales » avait été « initiée par La France Insoumise en décembre », même si cela ne semblait pas, pour lui, déplaire.
Selon lui, « L’audition de figures médiatiques telles que Cyril Hanouna, ainsi que des dirigeants de Canal+», témoignait « de la volonté de la commission de s’attaquer frontalement aux problématiques de contrôle et de responsabilité dans le secteur ».
Au mois de février, le secrétaire général de RSF et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Christophe Deloire, qui ait depuis décédé, avait obtenu au mois de février de la part du Conseil d’Etat, qu’il enjoigne l’Arcom à mettre en demeure CNews « de se conformer à ses obligations en matière de pluralisme et d’indépendance de l’information ». Le Conseil d’État a estimé que le pluralisme de l’information devait prendre en compte « la diversité des courants de pensée et d’opinion représentés par l’ensemble des programmes diffusés, y compris les chroniqueurs, animateurs et invités, et pas uniquement le temps d’intervention des personnalités politiques ».
Si le comportement d’Hanouna est particulièrement ciblé, tout comme les dérapages considérés comme racistes qui ont pu avoir lieu sur ces chaines, il semblerait que les ennuis de la chaine soient également liés à d’autres raisons.
Des positions anti guerre et anti avortement qui dérangent
La chaine semble dans le collimateur des autorités depuis qu’elle est devenue l’une des plus véhémente à l’égard de l’attitude belliciste du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Emmanuel Macron. Sur les ondes de Sud Radio, Alexis Poulin et Frédéric Aigouy ont évoqué de graves atteintes à la liberté de la presse qui ont eu lieu récemment en France et souligné l’importance d’avoir une voix discordante comme CNews.
En plein débat sur la constitutionnalisation de l’IVG, une infographie sur l’avortement diffusée sur CNews, lors de l’émission religieuse « En quête d’esprit » intitulée « L’avortement : une blessure de l’âme » a également été au centre des débats. L’incident a servi de point central lors de l’audition, où les dirigeants de CNews ont été confrontés à des questions difficiles sur leur processus éditorial et la prétendue influence de Vincent Bolloré, qui détient par ailleurs le journal « France Catholique ». Lors de son audition le 13 mars devant la commission d’enquête parlementaire, Vincent Bolloré a revendiqué sa foi catholique et exprimé ses convictions sur le sujet de l’avortement. L’homme d’affaires Breton s’est exprimé sur ce sujet sensible tels, qu’il a décrit comme « quelque chose de terrible » mettant en confrontation « la liberté des gens à disposer d’eux-mêmes » et celle « des enfants à vivre ». Il a partagé une expérience personnelle pour illustrer son point de vue, révélant qu’une femme avec qui il avait été en relation était tombée enceinte à un moment inopportun, un événement auquel il disait penser chaque jours.
Un diner qui tombe mal
Toutefois, alors que les cadres de CNews, viennent d’évoquer la mise en place d’une direction du pluralisme pour répondre aux accusations de promotion d’opinions d’extrême droite, il semblerait que Cyril Hanouna viennent de marquer un but contre son camp. Médiapart a en effet révélé hier l’existence d’un diner entre Cyril Hanouna et Jordan Bardella, qui tombe au plus mauvais moment pour le groupe Bolloré, un timing pour le moins étonnant. Les médias affiliés à Vincent Bolloré, comme le site de Jean-Marc Morandini, ont tenté de justifier cette rencontre en affirmant que Cyril Hanouna préparait une nouvelle émission politique pour la rentrée et souhaitait avoir Jordan Bardella comme premier invité, mais le mal est fait et l’information circule dans toute la presse.
Une concurrence qui s’annonce rude pour CNews
Les auditions menées par l’Arcom pour le renouvellement de 15 fréquences de la TNT se sont achevées ce mercredi. Les 24 candidats connaîtront le verdict à la fin du mois de juillet.
L’audition de BFMTV qui vient d’être rachaté par CMA CGM, l’armateur membre du Forum économique mondial a également été marquée par des révélations de Mediapart concernant des échanges entre le PDG de la chaine, Marc-Olivier Fogiel et l’entourage du contributeur du FEM, Nicolas Sarkozy.
Trois nouveaux acteurs de la presse se sont également positionnés pour entrer sur la TNT : Ouest-France avec « OF TV » ; CMI France de Daniel Kretinsky, le milliardaire tchèque proche du président de la République avec le projet « RéelsTV » et L’Express présidé par Alain Weill, ancien président de SFR et Altice France proche de Patrick Drahi qui a financé la première campagne de Macron.
Par ailleurs, « Le Média », une web TV réputée proche de la France Insoumise aspire à un canal afin de s’adresser à l’ensemble de la France tout en conservant une sensibilité de gauche. Dans une tribune publiée dans L’Humanité, 130 personnalités appellent l’Arcom à donner un canal au Média. Parmi elles, ont peut citer des soutiens de poids, tels que Guillaume Meurice, Christiane Taubira, Benoit Hamon, ou les Young Leader de la Fondation France-Amérique, fondée par les présidents Ford et VGE, membres du groupe Bilderberg, Rokhaya Diallo et Audrey Pulvar, même si celle-ci a fait retirer son nom de la liste des personnes passées par ce programme.
Autant dire que la tâche sera ardue pour CNews, alors que le député LFI Aurélien Saintoul, rapporteur de la commission d’enquête parlementaire, s’est d’ores et déjà opposé au renouvellement des fréquences de C8 et CNews.
Lundi, la conseillère Juliette Théry a résumé l’audition en soulignant l’absence d’engagement concret de la part de CNews : « On vous a beaucoup entendu dire ‘on va réfléchir’. Mais sur quoi vous engagez-vous ? ». Ainsi, la décision de l’Arcom concernant le renouvellement de la fréquence de CNews s’annonce délicate, même si la chaîne est désormais la première chaîne d’information en France. Selon les derniers chiffres de Médiamétrie, CNews a dépassé BFMTV en part d’audience aux mois de mai et de juin.