Ngugi wa Thiong’o, une figure emblématique de la littérature africaine, s’est éteint le 28 mai à l’âge de 87 ans. Cet écrivain kényan, dont l’influence a dépassé les frontières de son pays natal, laisse derrière lui une œuvre riche et engagée. D’abord reconnu pour ses écrits en anglais, Ngugi a choisi plus tard de s’exprimer dans sa langue maternelle, le kikuyu, affirmant ainsi son engagement pour la promotion des cultures africaines.
Ngugi wa Thiong’o a été salué pour sa capacité à capturer les réalités sociales et politiques du Kenya à travers ses écrits. Son parcours littéraire commence par la publication du roman « Nous ne pleurons pas pour Saïd », qui explore les tensions ethniques et politiques de l’ère post-coloniale. Après des œuvres marquantes comme « Le Grain de blé » ou encore « Pétales de sang », Ngugi opte pour le kikuyu, un choix littéraire et politique qui souligne son désir de promouvoir et de préserver la culture et les langues africaines.
Engagement pour les droits de l’Homme
Plus qu’un simple romancier, Ngugi wa Thiong’o était également un fervent défenseur des droits de l’Homme et un critique acerbe du néocolonialisme. Son engagement lui a valu des périodes d’emprisonnement et d’exil, notamment après la publication de sa pièce « Je me marierai quand je le voudrai », qui critiquait sans détour les inégalités sociales au Kenya. Ces épreuves n’ont fait que renforcer sa détermination à se battre pour la justice sociale et l’émancipation des peuples africains.
Un héritage littéraire et intellectuel
L’œuvre de Ngugi wa Thiong’o a eu un impact considérable, non seulement en Afrique, mais aussi à l’échelle mondiale. Son nom a souvent été évoqué parmi les potentiels lauréats du prix Nobel de littérature, un témoignage de l’ampleur de son influence. Sa décision d’écrire en kikuyu a inspiré de nombreux auteurs africains à revendiquer leurs langues maternelles comme moyen de création littéraire et de revendication identitaire.
Ngugi wa Thiong’o restera dans les mémoires non seulement pour ses contributions littéraires, mais également pour son courage et sa détermination à promouvoir la dignité et la richesse culturelle de l’Afrique. Avec sa disparition, le continent perd l’une de ses voix les plus puissantes.
Source : Le Monde.