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L'amiral Richard Byrd. Photo : @Underwood & Underwood/Wikipedia.

L’Antarctique et ses mystères : L’amiral Richard Byrd et l’opération Highjump sources de nombreuses théories

La Terre est-elle plate ou même creuse ? Voici une question assez caricaturale qui représente bien l’image mainstream que peuvent prendre les théories du complot. L’Amiral Byrd, explorateur légendaire, semble être l’une des seules pistes que les platistes possèdent pour affirmer leurs idées. Penchons-nous alors sur cette histoire assez méconnue qui alimente aujourd’hui les théories de la Terre creuse et d’Agharta. 

L’Amiral Richard Evelyn Byrd est une figure emblématique de l’exploration polaire. Aviateur et officier de marine américain, Richard Byrd a effectué plusieurs expéditions audacieuses en Antarctique, devenant ainsi un pionnier de l’exploration aérienne dans cette région inhospitalière. Ses exploits incluent d’abord le tout premier survol du pôle Nord en 1926 bien que cela soit contesté. Son vol à basse altitude est périlleux et dure 18h.

Il réalise ensuite une série d’expéditions en Antarctique, dont la plus célèbre est l’Opération Highjump. Officiellement connue sous le nom de « The United States Navy Antarctic Developments Program”, elle s’est déroulée entre 1946-1947. Elle est considérée comme la plus grande expédition en Antarctique de son époque. Conduite par la marine américaine, sous le commandement de l’Amiral Byrd, l’opération visait à établir la souveraineté américaine sur certaines parties de l’Antarctique. Fidèles à leurs valeurs, à leurs principes, les États-Unis avaient aussi pour intention de tester leur matériel militaire en conditions polaires, mais aussi à y mener des recherches scientifiques.

L’opération impliquait 13 navires, 33 avions et environ 4700 hommes. Les activités comprenaient la cartographie de vastes zones du continent antarctique et la collecte de données scientifiques. Cependant, l’expédition fut écourtée, officiellement en raison de conditions climatiques difficiles, de pertes matérielles et même humaines, bien que cela continue d’intriguer dans les cercles complotistes.

En 1955, Richard Byrd commande l’expédition Deep Freeze I et II. Elles établissent chacune la base américaine permanente de McMurdo, située en bord de mer de Ross dans l’Antarctique, tel un pont logistique. 

Le mystère autour de Byrd

Richard Byrd était un membre actif de la franc-maçonnerie. Il faisait partie de la Federal Lodge No. 1 de Washington D.C. Il en est devenu un initié en 1921 et a reçu plusieurs honneurs de cette société discrète. Il avait hissé le drapeau de la loge Kane sur le mât du navire pendant l’une de ses expéditions. Les membres de la loge Kane lui ont alors remis la médaille d’or de la loge Kane à son retour, en plus de recevoir les salutations du président Herbert Hoover par télégramme, dont l’appartenance à la Franc-Maçonnerie n’a jamais été validée. La Grande Loge de New York a décerné à Richard Byrd la médaille de distinction en 1947, après l’Opération Highjump.

Alors que Richard Byrd est décédé d’une maladie du cœur en 1957, son fils meurt mystérieusement en 1988. Son cadavre a été retrouvé dans un entrepôt abandonné à Baltimore, habillé avec des vêtements particulièrement sales, selon le New York Times. Il serait décédé à cause d’une déshydratation et d’une malnutrition liée à la maladie d’Alzheimer dont il souffrait. Il était aussi militaire, a fait la Seconde Guerre mondiale et a déjà assisté son père durant l’opération Highjump. Il a aussi travaillé comme conseiller financier pour la banque Morgan Stanley, affiliée au Forum Économique Mondial et à BlackRock, le fonds de pension affilié au FEM.

Les théories du complot sur cette affaire

Lors de ses expéditions, Richard Byrd tenait un carnet dans lequel il écrivait ses aventures. À sa mort, le Pentagone a récupéré ce journal de bord, qui aurait réapparu depuis. “Je dois écrire ce carnet de bord secrètement et dans l’ombre. Il concerne mon vol arctique du 19 février 1947. Il viendra le temps où la pensée rationnelle des Hommes deviendra insignifiante et que l’on devra accepter l’inévitable vérité”. Voici comment commence son récit.

Malgré des éléments surprenants attestant d’une aventure digne du scénario du prochain blockbuster d’Hollywood, le carnet de Byrd et sa véracité peuvent être remis en question. En effet, des révélations de l’aviateur norvégien Bernt Balchen, confortées par l’étude de documents de vol, remettent en cause l’histoire qui y est contée. Un problème de distances et de temps remet en cause la version du périple de Richard Byrd. Le fait que le Pentagone ait mis la main dessus rend aussi ce carnet spécial aux yeux de certains théoriciens du complot, qui peuvent être à même de penser que l’État-profond aurait pu réécrire des passages avant de le rendre public.

L’Opération Highjump, de son côté, n’a pas seulement attiré l’attention pour ses objectifs militaires et scientifiques, mais elle est aussi devenue un terreau fertile pour d’autres théories du complot, principalement autour du concept de la « Terre Creuse« . Cette dernière propose que la Terre soit en fait creuse et qu’il existe un monde à l’intérieur de celle-ci, habité par des civilisations avancées. Bien que cette idée ait des racines dans la mythologie et les écrits de plusieurs auteurs du XIXème siècle, elle a pris une tournure moderne avec les exploits de Richard Byrd.

Certains conspirationnistes prétendent que lors de ses explorations, Byrd aurait découvert des entrées vers cet univers intérieur. Le prétendu « journal secret » de Byrd, qu’on peut considérer comme une fabrication, raconte une expédition vers l’intérieur de la Terre où il aurait rencontré une civilisation avancée dotée de technologies supérieures.

La théorie de la Terre creuse a été pensée en premier lieu en 1692, par Edmond Halley, un célèbre astronome britannique. Il propose une théorie fascinante selon laquelle la Terre serait formée d’une coquille externe creuse d’environ 800 km d’épaisseur, renfermant en son sein deux coquilles concentriques supplémentaires ainsi qu’un noyau central. Selon ses calculs, ces différentes structures internes auraient des diamètres comparables à ceux des planètes Vénus, Mars et Mercure, respectivement. Il envisageait aussi que ces couches concentriques pourraient être habitées et dotées de champs magnétiques distincts, ce qui expliquerait certaines anomalies magnétiques observées à la surface terrestre.

En 1906 par l’écrivain américain, William Reed, sort un roman de fiction se nommant “Le fantôme des pôles”. Cette théorie a ensuite été remise au goût du jour par Marshall Gardner en 1920. En 1959, c’est l’auteur Amadeo Giannini qui écrit le premier ouvrage sur le sujet depuis les travaux de Gardner, qui s’intitule “Au-delà des pôles”. Ray Palmer, rédacteur en chef du magazine Soucoupes volantes, parle aussi dans ses colonnes de cette théorie pour offrir à ses lecteurs une explication logique de l’origine des soucoupes. Des écrits qui précèdent les expéditions de l’Amiral Richard Byrd, qui aurait donc eu le temps de son vivant de lire ces histoires, bien qu’on n’en ait pas eu la preuve. Certains observateurs, comme l’explique la géologue Frédérique Rémy du CNRS, expliquent que “l’amiral Byrd est rentré de l’Antarctique et il était complètement fou”.

Mais les théories vont encore plus loin et lient la Terre creuse au mythe d’Agartha. Il s’agirait d’une légendaire cité souterraine supposée être située à l’intérieur de la Terre. Ce mythe provient de la tradition bouddhiste tibétaine et proviendrait du sanskrit. Il a été adopté par certains théoriciens du complot qui pensent alors que Byrd aurait découvert une entrée vers Agartha lors de l’Opération Highjump. Selon les croyances, Agharta serait un endroit utopique, habité par des êtres supérieurs ou des sages qui possèdent des connaissances et une technologie avancées. Ce royaume serait relié à la surface par un réseau complexe de tunnels et d’entrées cachées, souvent situées dans des régions isolées comme les montagnes de l’Himalaya, les déserts et les forêts denses. En 2017, le rappeur Vald fait mention de cette théorie en nommant son premier album Agartha. Une référence culturelle à la source également de plusieurs scénarios de films comme “Nazis at the center of the Earth”, et les deux films “Iron Sky”, qui partent tous du principe que les Nazis se sont réfugiés au sein de la Terre creuse et même sur la Lune.

Le mouvement New Age, qui tire ses racines dans l’ésotérisme et la spiritualité alternative, est un vecteur de propagation des théories de la Terre creuse et d’Agharta. La croyance en une sagesse ancienne et cachée, ainsi qu’en des civilisations avancées disparues, trouve un écho chez ceux qui recherchent des explications alternatives à l’histoire et à la science conventionnelle. Des auteurs et conférenciers New Age ont intégré ces théories dans un cadre plus large de croyances sur les extraterrestres, les énergies spirituelles et les transformations mondiales imminentes. La figure de Byrd est souvent utilisée comme une preuve d’un lien entre les explorations polaires et la découverte de vérités cachées sur notre planète.

Le traité de l’Antarctique 

Le Traité sur l’Antarctique, signé en 1959 et entré en vigueur en 1961, est un accord international crucial qui régit les activités sur le continent antarctique. Signé initialement par douze pays, il compte désormais 57 parties. Parmi ses dispositions clés, figurent l’utilisation pacifique de l’Antarctique, la liberté et la coopération scientifique, et le libre échange des observations et résultats scientifiques.

Les revendications territoriales existantes, portées par sept pays (Argentine, Australie, Chili, France, Norvège, Nouvelle-Zélande, et Royaume-Uni), ainsi que les bases de revendication des États-Unis et de la Russie, sont protégées par l’article IV, qui maintient le statu quo et empêche toute nouvelle revendication ou extension de souveraineté. De plus, toutes les zones et installations en Antarctique sont accessibles à l’inspection pour promouvoir le respect du traité. Il a été signé deux après la mort de l’Amiral Richard Byrd, alors que l’Antarctique est l’une des dernières facettes du monde que l’humain n’a pas encore assisté dans son intégralité, à cause de sa grandeur.

Que penser de toutes ces théories et concepts ?

Les platistes sont souvent perçus comme les complotistes écervelés caricaturaux. Bien qu’il soit essentiel pour rester libre de savoir remettre en question la vérité qu’on nous livre en s’appuyant sur des recherches, la croyance en la Terre plate ou creuse se base sur de nombreuses pseudo-explications qui n’ont rien de scientifique. Pour ce qui est de l’histoire de l’amiral Richard Byrd et de l’opération Highjump, il en revient à chacun de se faire un avis. D’une part, de nombreux aspects de cette histoire, qui est de plus racontée dans son journal de bord, affirment que la vérité sur notre planète est erronée. Mais d’une autre, penser que tout nous aurait été toujours caché et qu’un simple journal qui a eu le temps d’être contrôlé par le Pentagone, expliquerait tout limpidement serait assez naïf. Les preuves ne coagulent pas toutes, d’autant plus que les concepts de Terre creuse et d’Agartha sont assez mal définis et se veulent larges. Le plus important reste de savoir conserver un esprit critique à toute épreuve, et de savoir écarter les théories fumeuses des vraies affaires sensibles. La théorie de la terre plate peut aussi desservir l’éveil de potentiels autres remises en question, alors il convient de ne pas s’emporter et de mener ses propres recherches.

La republication du carnet de bord de Richard Byrd peut également faire penser au projet Blue Beam. Cette théorie, pensée par le journaliste canadien Serge Monast en 1994, pointe du doigt une conspiration des élites et de la NASA, qui tenteraient de simuler des apparitions et autres évènements surnaturels, dans le but de créer la panique et ainsi d’imposer un Nouvel Ordre Mondial. Les religions seraient alors remplacées par une croyance en l’au-delà et les extra-terrestres notamment. À Arès, située dans le bassin de la Gironde, un ovniport a même été créé. Le Projet Blue Beam est moins tendancieux que les théories de la Terre plate, si l’on suit les derniers projets high-tech d’Apple sur les hologrammes, et qu’on observe certains phénomènes.

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