Aujourd’hui, lors de la 77e Assemblée mondiale de la Santé, l’Organisation mondiale de la Santé, l’agence onusienne affiliée au Forum économique mondial, a organisé une table ronde intitulée « Intelligence artificielle pour la Santé : opportunités, risques et gouvernance », au cours de laquelle des personnalités proches du FEM se sont succédées, plaidant pour une réglementation internationale et une collaboration public-privée « ne laissant personne de côté ».
L’événement était animé par la rédactrice en chef de la revue Nature et contributrice de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Magdalena Skipper. Elle a réuni des experts et des responsables politiques proches du Forum économique mondial pour discuter des implications de l’IA dans le secteur de la Santé. On peut citer le sultan Omar Al Olama, ministre de l’intelligence artificielle, de l’économie numérique et des applications de télétravail des Émirats Arabes Unis, le Dr. Atul Gawande, Administrateur adjoint pour la Santé mondiale d’USAID, Effi Vayena, du Swiss Institute of Technology de Zurich, le Professor Mathias Goyen, Médecin-chef de l’entreprise GE HealthCare, affiliée au Forum économique mondial et le Dr Karen DeSalvo, Directrice de la santé, de Google, le Gafam membre du Forum économique mondial. Etait également présent, Mr Marco Marsella, DG Santé d’EU4Health and Health systems modernisation, le principal instrument de la Commission européenne de la contributrice du FEM, Ursula Von Der Leyen, pour implémenter la stratégie de Santé européenne.
Discours liminaire du Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus
Le Dr. Tedros, Directeur général de l’OMS et contributeur du FEM a ouvert la séance en soulignant l’importance de l’IA pour transformer les systèmes de santé à travers le monde. Il a d’emblée posé le débat en affirmant, « Certains disent que l’intelligence artificielle va déboucher sur une quatrième révolution, d’autres disent qu’elle présente de graves risques », faisant par la même occasion une dédicace au fondateur du Forum économique, auteur du livre « La 4e Révolution Industrielle ». Il a également fait référence au défunt contributeur de l’agenda 2030 du FEM, Desmond Tutu, qui comparait la technologie à « un couteau », qui peut être utilisé « à bon escient , ou pour blesser des gens ». « C’est la même chose pour l’intelligence artificielle », a commenté Tedros, qui a appelé de ses voeux une « bonne gouvernance fondée sur des principes éthiques, sur des principes clairs ». « Nous devons garantir la sûreté et l’équité, sans pour autant entraver les innovations ». Le DG de l’OMS a expliqué que son organisation avait « fait de la santé numérique et de l’intelligence artificielle une priorité stratégique ». L’agence onusienne a publié le 18 janvier 2024 alors que se déroulait Davos 2024, de nouvelles directive sur l’éthique et la gouvernance des grands modèles multi-modaux (LMM) d’Intelligence artificielle, visant à réglementer l’utilisation de cette technologie dans le domaine de la Santé. Le scientifique en chef de l’OMS et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, le Dr Jeremy Farrar, soulignait alors l’importance de comprendre les risques associés à ces technologies. Le Dr Tedros a également fait référence à l’initiative mondiale sur l’Intelligence artificielle au service de la santé, lancée l’année dernière par l’Union internationale des télécommunications, l’agence des Nations unies pour le développement spécialisée dans les technologies de l’information et de la communication, dirigée par la contributrice du FEM, Doreen Bogdan-Martin, ainsi que l’OMPI (Organisation mondiale de la propriété intellectuelle), par laquelle sont passés les contributeurs du FEM, Sylvie Forbin et Philippe Petit. Le Dr Tedros a précisé que « l’OMS participe participe aux efforts en matière d’intelligence artificielle dans de nombreux domaines, par exemple pour ce qui est du dépistage, de l’utilisation de boîtes de dialogue pour la télémédecine, ou aussi de la préservation de la qualité et de l’intégrité de la santé » et qu’elle ait déterminer à « aider tous les États membres pour qu’ils puissent juguler les pouvoirs de l’intelligence artificielle ». Il a souligné que pour obtenir des résultats« inclusifs et équitables », « nous devons nous fonder sur des principes éthiques solides qui seront élaborés de manière collaborative et inclusive ».
Les intervenants soulignent l’importance des partenariats publics-privées
Alors que le Forum économique mondial a annoncé le 22 mai qu’il va évoluer de simple «plateforme de rassemblement» à «principale institution mondiale de coopération public-privé», les intervenants de cette table ronde ont convergé vers un appel unanime pour une réglementation internationale et une collaboration entre les secteurs public et privé.
« Nous avons besoin d’une collaboration public-privée, nous avons besoin d’un cadre de gouvernance inclusif », a indiqué la rédactrice en chef de la revue Nature et contributrice du FEM, Magdalena Skipper.
La Professeur Effi Vayena a mis en avant les opportunités offertes par l’IA pour la mise au point de médicaments, le dépistage de maladies cardiovasculaires et la tuberculose, expliquant que cette technologie avait été utilisée pour le traçage des contacts durant la pandémie de COVID-19. Elle a insisté sur l’importance d’éviter les préjudices et de veiller à ce que les outils d’IA soient évalués de manière transparente. « Nous avons surtout besoin d’une collaboration au niveau international pour que les institutions appliquent les règles et les directives », a-t-elle lancé.
Le Dr. Atul Gawande de l’USAID a parlé de l’impact de l’IA sur le dépistage de la tuberculose au Nigeria et au Vietnam, soulignant l’importance de la réglementation et de la validation clinique des outils d’IA pour garantir leur efficacité et sécurité.
Le Marco Marcella de l’Union européenne a discuté de la nécessité d’un cadre réglementaire clair pour l’IA, axé sur l’innovation et la protection des droits des patients. Il a évoqué les lois européennes sur les outils médicaux et l’espace des données de santé, destinées à promouvoir une utilisation sûre et équitable de l’IA.
La Dr. Karen DeSalvo de Google a mis en avant l’importance de la confiance et de la responsabilité dans le développement des applications d’IA pour la santé. Elle a insisté sur la collaboration entre les secteurs public et privé pour garantir des résultats inclusifs et équitables.
Le Professeur Mathias Goyen a parlé des partenariats public-privé, essentiels pour développer des solutions d’IA en santé. Il a souligné l’importance des soins de précision et de la télémédecine pour améliorer l’accès aux soins dans les régions éloignées.
Le ministre Omar Soltan Al-Olamah a souligné l’importance de l’éducation et de la sensibilisation du public pour surmonter les préjugés entourant l’IA.
Un représentant de l’Australie présent dans la salle est intervenu pour explique que son gouvernement qui compte plusieurs contributeurs du FEM dans son gouvernement dont le ministre des finances, Jim Chalmers, ou la ministre des Affaires étrangères, Penny Wong, veille à mettre « en place un système d’IA qui soit durable du point de vue des entreprises, et qui permette de renforcer les systèmes de santé ». Il a indiqué que l’Australie estimait qu’il fallait prolonger « la stratégie mondiale de l’OMS sur la santé numérique qui arrive à expiration en 2025, afin de minimiser les risques en matière d’équité ». « Il faudra également veiller à assurer la cohésion des entreprises, et à la différence entre les différentes approches au niveau mondial. »
La réunion s’est conclu par une intervention du docteur Saia Maʻu Piukala, responsable de la Région Asie Pacifique de l’OMS. « Pour exploiter pleinement son potentiel, il est crucial de garantir que l’IA ne crée pas de divisions, mais aide à réduire les disparités, en particulier dans les zones reculées », a-t-il déclaré, soulignant également les risques liés à l’IA incluant « la propagation de fausses informations, soulignant l’importance d’une évaluation rigoureuse et de mécanismes d’évaluation éthique ».
Selon lui, « Le partenariat entre le secteur public, le secteur privé, le milieu universitaire et la société civile est essentiel pour créer un cadre propice à l’innovation tout en préservant les intérêts de tous« . « Bien que le potentiel de l’IA dans la santé soit immense, son utilisation sûre et responsable nécessite des pratiques transparentes, inclusives et éthiques. En travaillant ensemble, nous pouvons mobiliser l’IA pour améliorer la santé mondiale et garantir que personne ne soit laissé de côté. »