Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a pris position ce jeudi devant la commission d’enquête sénatoriale sur la délinquance financière en affirmant que la suppression de l’argent liquide pourrait être une mesure décisive dans la lutte contre le trafic de drogue dans les quartiers.
« La fin de l’argent liquide empêchera la constitution de points de deal », a-t-il affirmé. « Une grande partie encore de la fraude, de la délinquance du quotidien, même des réseaux criminels, repose sur l’usage de l’argent liquide. »
L’argent liquide : un vecteur clé des réseaux criminels
Selon Gérald Darmanin, la traçabilité des transactions est un levier essentiel pour enrayer les circuits financiers du narcotrafic. Contrairement aux crypto-actifs, qui bien qu’en croissance restent complexes à manipuler à grande échelle, les espèces constituent encore le principal moteur économique des trafics dans les quartiers sensibles.
« Bien sûr, les cryptomonnaies vont prendre de l’ampleur. Mais cela nécessite une logistique complexe. L’argent liquide reste aujourd’hui le vrai sujet », a insisté le ministre.
Traçabilité contre opacité : un changement de paradigme
En traçant systématiquement les flux financiers, les autorités pourraient fragiliser l’économie souterraine, estime Gérald Darmanin. Si les drogues continueront à circuler, l’identification des acheteurs comme des vendeurs deviendrait bien plus aisée.
« Une fois que l’argent est traçable, comme le sont parfois les crypto-actifs lorsqu’ils sont bien utilisés, c’est beaucoup plus compliqué pour le consommateur comme pour le revendeur d’échapper à un circuit de financement », a-t-il précisé.
Cette déclaration relance le débat sur le rôle de l’argent liquide dans l’économie informelle et les moyens à disposition de l’État pour assécher les sources de financement des trafics. À l’heure où la digitalisation des paiements progresse, le ministère de l’Intérieur semble prêt à défendre un virage stratégique : une société sans cash, pour une sécurité renforcée, au détriment de nos libertés.