Le Premier ministre français et Young global leader du forum économique mondial, Gabriel Attal, a annoncé le 30 janvier lors de son discours de politique générale l’expérimentation de la « semaine en 4 jours », dans les administrations. Cette approche, qui se distingue nettement de la semaine de 4 jours traditionnelle, implique que les employés effectuent le même volume d’heures de travail hebdomadaires mais condensées en quatre jours au lieu de cinq. Jusqu’à présent, elle n’a pas rencontré le même succès que la semaine de 4 jours. Explications.
Lors de son discours, Gabriel Attal, a d’ailleurs bien insisté sur le fait que l’expérimentation concernera la « semaine en 4 jours et non pas de 4 jours ».
L’idée trouve son inspiration dans une expérimentation précédente menée par Attal lui-même lorsqu’il était ministre des Comptes publics, avec l’Urssaf Picardie. Cependant, cette initiative n’a pas rencontré le succès escompté, avec seulement trois salariés ayant choisi de participer un mois après son lancement. Cette réticence s’explique principalement par l’augmentation significative de la durée des journées de travail nécessaires pour respecter le quota hebdomadaire d’heures, ce qui ne convenait pas à tous, en raison notamment de contraintes familiales ou de longs trajets domicile-travail.
Malgré cet échec initial, un sondage YouGov pour Le HuffPost révèle que 75 % des Français seraient favorables à une semaine de quatre jours, à condition que leur salaire reste inchangé.
À l’international, l’expérience semble plus positive. Au Royaume-Uni, par exemple, plus de 60 entreprises ont testé la semaine de 4 jours sans réduction du salaire ni augmentation du volume horaire hebdomadaire, avec des résultats très encourageants. La majorité des entreprises a décidé de continuer sur cette voie, observant une hausse de la motivation et de la productivité des employés, ainsi qu’une réduction significative de l’absentéisme.
À Lyon, Laurent de la Clergerie, fondateur du groupe LDLC spécialisé dans la vente de matériel informatique, promeut activement la semaine de travail de 4 jours pour améliorer le bien-être des employés. Dans ses locaux à Limonest, près de Lyon, qui offrent diverses commodités comme des pistes de bowling et une salle de sport, il souligne que le bien-être des salariés n’est pas incompatible avec les résultats financiers, bien au contraire. Depuis le 25 janvier 2021, LDLC a adopté une semaine de 32 heures réparties sur 4 jours, qui a été accompagnée par une augmentation des bénéfices et à une amélioration significative du bien-être des employés. De la Clergerie a également étendu les congés maternité et paternité à 20 semaines. Il a partagé son expérience et ses succès, notamment à travers un livre, « Osez la semaine de quatre jours » et sa participation à l’émission « Patron Incognito« . Son initiative a inspiré d’autres entreprises, l’expérimentations gouvernementale et la Métropole de Lyon.
Depuis le 4 septembre 2023, 300 agents de la Métropole de Lyon, le plus grand employeur de la région, ont commencé une expérimentation de la semaine de quatre jours. La collectivité a proposé plusieurs options à ses employés : une semaine de travail de 35 heures réparties sur 4 jours, avec des journées allongées de 08h00 à 17h30, incluant une pause déjeuner de 45 minutes ; 36 heures de travail sur quatre jours, permettant d’accumuler 4,5 jours de RTT par an ; une semaine de quatre jours et demi, offrant 5 jours de RTT, pour les managers et chefs de projets ; une alternance entre une semaine de quatre jours et une semaine de cinq jours.
Parmi les quatre options offertes, celle consistant à travailler 36 heures sur 4 jours a été la plus appréciée, choisie par 58% des participants, tandis que l’option alternant entre des semaines de quatre et cinq jours a été choisie par 34%. Concernant le choix du jour de congé hebdomadaire parmi les 300 agents participant à cette initiative, 64,5% ont opté pour le vendredi, 21% pour le mercredi, et 13% pour le lundi.
Un système d’évaluation complet, élaboré en collaboration avec les syndicats, a été mis en place pour mesurer l’impact de l’expérience de la semaine de travail de quatre jours. Les responsables répondent mensuellement à un ensemble de quatre questions pour évaluer les effets de cette organisation du travail. Les premières données récoltées par Challenges montrent des retours positifs : seulement 10% des managers ont observé un transfert de charge de travail vers leurs collègues ou eux-mêmes, une proportion qui diminue au fur et à mesure de l’ajustement à la nouvelle organisation. De même, la perception que la semaine de quatre jours augmente les tensions au travail suit une tendance à la baisse. Concernant leur appréciation globale de cette initiative, 86% des managers ont exprimé un avis neutre ou positif, avec une inclination croissante vers des retours positifs. La Métropole de Lyon devrait décider à la fin du mois de juin, si l’expérience sera pérenniser. En attendant, Anne-Sophie Peyret-Rosa, chargée de mission qualité de vie au travail de la Métropole se félicite de ces premiers résultats.
La semaine de 4 jours fait ben tout cas des émules dans le Rhône, puisque le maire LR d’Ecully, Sébastien Michel, a également proposé à ses agents de passer à la semaine de 4 jours en travaillant non pas 35, mais 36 heures.